hapelois d'antan...
Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette...
Des quatre coins de la commune
on amenait les chèvres au bouc
de M. FAURE, aux Jarthes
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Une belle bête, de la taille d'un anon, tenue par Robert et Jeannot FAURE.
2m20 d'envergure ! Elle ne passait par aucune porte...
A ce propos, il court une légende qui, disent quelques anciens, serait plus qu'une
légende...
Ce bouc, donc, honora tant et tant de belles et leur donna de si beaux cabris que Dieu lui-même
s'en émerveilla.
Il profita du sommeil de son maître pour lui rendre visite en songe et le féliciter des bons
soins prodigués qui ajoutaient, dit-il, à la nature exceptionnellement "virile" de l'animal.
Ce à quoi M. Faure, que le bon sens ne quittait jamais, fit mine de s'étonner de cette
visite et de ces félicitations qui, à son sens, n'avaient rien de fondées, puisque les cabris,
certes nombreux, n'en étaient pas moins tout à fait ordinaires...
Piqué au vif, Dieu ne put faire moins que de lui montrer le contraire et promit que la
prochaine femelle engendrée serait de nature à porter le salut chez les humains !
Et quand on est Dieu, on tient ses promesses !
Or donc, voici que naît la plus ravissante des chevrettes qui ne tarda pas à devenir aussi la
plus maternelle des chèvres de la région.
A quelque temps de là, au village des Reyssoux, naquit une jolie petite fille,
jolie mais obstinée, qui, par
malheur, ou bonheur ? , ne put boire le lait maternel comme tous les nourrissons de cette
époque, sa mère ne pouvant lui en offrir. Cette petite fille, aussi têtue qu'un âne qui
n'a pas soif, refusa tout lait qu'on cherchait en vain à lui faire boire. C'était le lait de
sa maman ou rien du tout ! Na !
Tant et si bien que ses jours commencèrent à être comptés...
Or voici, comme Dieu fait bien les choses ! , que la fameuse biquette, le pis gonflé à
souhait, s'égara et alla chercher refuge, je vous le donne en mille, aux Reyssoux
justement. Son instinct miraculeux la fit s'approcher du berceau qu'elle lécha en bêlant,
en bêlant, mais en bêlant avec tant d'intensité que l'on proposa à l'enfant moribond un peu de
son lait qui, d'ailleurs, inondait déjà le carrelage.
Que se passa-t-il donc pour que
l'enfant acceptât les premières gouttes puis les suivantes et encore les suivantes,
avec un appétit goulu qu'on
aurait dit la grosse barrique du voisin qui se vidait d'un coup ? Mystère...
Ce que l'on sait, c'est que l'enfant fut sauvée par une "fille" de ce brave bouc lequel reçut
des mains de Dieu, le titre de
père de lait, ce qu'aucun bouc avant lui n'avait encore reçu.
Cela ne s'est pas passé à Lourdes, mais à La Chapelle Gonaguet, au temps des boucs et
des chèvres, au temps où les
enfants tétaient encore leur mère et craignaient leur père, au temps où la nature était une
amie et une alliée,
au temps où l'on calquait son pas au rythme lent du cheminement du temps qui s'écoule,
au temps où quand il
faisait nuit, on était endormi, et Dieu pouvait alors visiter ses enfants un peu plus
souvent qu'aujourd'hui...
Et oui !
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