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"Car dans l'homme jamais l'espérance n'est vaine."
Victor Hugo
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La crise française en chiffres...
0,1% de croissance au dernier trimestre 2011
0% au premier trimestre 2012
1800 milliards d'euros de dette publique à la fin du premier trimestre 2012,
soit près de 90% du PIB
70 milliards d'euros de déficit du commerce extérieur en 2011
+0,3% : progression du chômage au premier semestre 2012
soit 10,1% de la population active
-1,2% : recul du pouvoir d'achat au premier semestre 2012,
son plus fort recul depuis 1984
14,1% des femmes et 12,9% des hommes vivent, en France, sous le seuil de pauvreté
(avec moins de 900€ par mois)
août 2012
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Dans ce contexte, n'est-il pas indécent d'oser exprimer des paroles d'espérance ?
Bien au contraire : il n'y a de sens à l'impasse pour l'intelligence qu'en la naissance à la vie d'une voie nouvelle !
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Vision d'un avenir possible
...message d'espoir...
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Dans un monde qui ne semble offrir qu'un avenir quelque peu sombre, voire terrifiant (si rien ne change),
un monde nouveau est en marche, là, sous nos yeux et nous ne le voyons que si peu...
Puissions-nous en prendre conscience,
nous laisser façonner de l'intérieur et transformer nos mentalités
par la nouvelle civilisation qui veut naître au monde,
nous évitant, je l'espère, un accouchement aux forceps...
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Le temps économique...
Après plusieurs mois de silence, je reprends la plume à l'occasion d'une vidéo d'ARTE que m'a transférée ma sur Françoise et dans
laquelle je découvre cette expression "temps économique"...
Cette vidéo, de plus d'une heure, se divise en 2 parties : la première rassemble
des réflexions de diverses personnalités à propos de notre monde qui s'en va à la catastrophe, à toute vitesse, catastrophe dont l'imminence semble
maintenant inéluctable. Et une seconde partie, la plus longue, rassemblant une série d'exemples d'actualité visant à ébaucher un chemin, encore possible,
de traversée du choc annoncé : l'effondrement soudain et brutal de notre modèle socio-économique. De quoi entrouvrir la porte à l'espérance...
La guerre du temps, de quoi s'agit-il ?
"Ce que nous vivons, c'est la colonisation du temps humain, dans toutes ses dimensions, biologique, sociale, écologique, par
le temps économique", "Nous sommes entrés dans la guerre du temps et l'urgence est de ralentir", voici le décor planté !
Et cette définition, révolutionnaire, du progrès : "La modernité, ce n'est pas d'aller plus vite, c'est d'avancer avec plus de sagesse."
Enfin, pour aller plus au fond des choses, cette question : "De quoi a-t-on réellement besoin dans la vie pour être heureux ?"...............
Je ne peux que vous recommander ce documentaire :
L'urgence de ralentir...
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L'éolien en question...
L'éolien, un scandale ? L'éolien, une alternative au nucléaire ? L'éolien, un choix dont les conséquences seront, à court terme, irréparables ?
En tous cas, un sujet d'actualité dont on fait croire tout et n'importe quoi... Si scandales il y a, tromperies il y a aussi. Je voudrais, ici,
en montrer quelques aspects...
Plusieurs amis de mon entourage m'ont fait parvenir la vidéo
"éolienne, la grande escroquerie" qui circule sur la toile et reprend l'essentiel
des arguments des opposants au projet éolien : des lobbies d'exploitants privés qui règnent en maître sur l'éolien, des politiques achetés, une
corruption ambiante, une production bien en deçà de ce qui est avancé, un coût exorbitant de l'électricité éolien payé par le contribuable sur
les factures EDF (taxe CSPE), des nuisances sonores et visuelles, des paysages défigurés, une contamination des sols, des zones de pêches réduites et
des zones navigables devenues dangereuses, un impact quasi nul sur l'emploi, bref, "la France massacrée, aucun emploi durable créé, pour
enrichir encore des privés".
Avant d'analyser ces arguments en y démêlant le vrai du faux, prenons un peu de la hauteur pour observer notre civilisation sous l'angle de ses besoins
et de sa production énergétique et constatons tout d'abord que l'énergie que nous utilisons résulte d'un besoin largement disproportionné : si tous les
habitants de la Terre vivaient au niveau de notre consommation, deux Terres n'y suffiraient pas ! Et ne parlons pas de la consommation des
Américains des États Unis. Tout le monde le sait et pourtant, en abordant le problème de la transition énergétique
* (le passage, inéluctable,
des énergies fossiles aux énergies renouvelables) jamais nous ne mettons en cause notre mode de vie et de consommation de l'énergie.
De même, dans un autre domaine, tentons-nous de mieux gérer notre production de déchets mais sans jamais remettre en cause ce qui, à mes yeux,
constitue l'origine du problème :
la production industrielle des produits toxiques, non biodégradables ou l'emballage et sur emballage des produits...
Bref, la première cause
de la pollution due à notre consommation d'énergie n'est pas, d'abord, à chercher dans la manière dont nous produisons cette énergie mais dans nos
habitudes de consommation. Changer nos habitudes de consommation d'énergie est, probablement, une clé principale de la transition énergétique.
Deuxième observation générale : indépendamment du contexte et de la manière dont la production est mise en uvre, nul ne peut contester que
la production d'électricité à partir du vent (éolien) ainsi que celle à partir de l'eau (hydrolien) sont les deux solutions les plus durables. Elles
n'impacte la nature qu'au seul lieu où elles sont implantées et, surtout, elles n'engendrent quasiment aucun rejet, aucun déchet à traiter en aval.
Que dire des autres moyens de production ?
Des plaques photovoltaïques, d'une durée d'utilisation relativement courte (20 à 30 ans) et nécessitant
un recyclage encadré par une directive européenne (depuis le 15 février 2014) du fait des déchets toxiques contenus dans ces plaques...
Des usines thermiques (charbon, gaz) et leurs rejets massifs de CO2 dans l'atmosphère, des usines condamnées à moyen terme puisque ce sont
des énergies fossiles qu'elles consomment...
Et surtout, que dire du nucléaire qui n'a eu de valeur que de nous permettre de consommer toujours plus d'électricité
quand il aurait peut-être fallu apprendre à devenir économe en ce domaine. Car quoi, laisser aux dizaines de dizaines de générations futures
la charge de gérer des déchets hautement radioactifs dont on ne sait que faire, au risque d'une pollution généralisée de la planète en cas de défaillance,
leur laisser le soin de contenir la radioactivité de nos centrales nucléaires démantelées (démantèlement qui n'est pas commencé, en France, et
dont le coût, absolument exorbitant, n'est quasiment pas pris en compte dans le calcul du coût de l'électricité produite)...
N'est-ce pas transmettre à nos générations futures
une grenade dégoupillée en leur disant "vous avez intérêt à mettre votre énergie à contenir la grenade si vous ne voulez pas qu'elle vous éclate
à la figure, nous on s'en fout, on a pu nous faire plaisir durant quelques dizaines d'années d'énergie bon marché".
Ce faisant, nous n'aimons pas nos enfants, nous les prenons en otage !
Voilà l'attitude indigne, honteuse, scandaleuse qui nous sera reprochée durant les quelques dizaines de milliers d'années futures par nos enfants !
Donc oui, d'une manière ou d'une autre,
il faut sortir du nucléaire, question d'honneur, si tant est que nous puissions encore en avoir aux yeux de ces hommes et de ces femmes du futur,
otages innocents de notre égocentrisme sociétal.
Revenons donc à l'éolien, dont j'ai dit, plus haut, qu'elle est, incontestablement, une source d'énergie durable, qui, de fait, ne
produit pas de déchet, hormis les socles en béton sur lesquels sont assises les éoliennes, et qui constitue, avec l'hydrolien,
une source d'énergie verte par excellence.
Pour autant, peut-elle se substituer au nucléaire ? Bien sûr que non, à l'évidence. Et pour deux raisons simples : la quantité d'électricité
fournie par une centrale nucléaire est sans commune mesure avec celle produite par un parc d'éoliennes et l'éolienne ne fournit de l'électricité qu'à
la condition que le vent souffle. À noter que l'éolien et le photovoltaïque sont complémentaires puisqu'en plein soleil, il n'y a généralement
pas de vent et qu'en plein vent, il n'y a généralement pas, ou peu, d'ensoleillement. De là à associer les deux sources d'énergie électrique,
il n'y a qu'un pas. Quoiqu'il en soit, l'éolien ne peut suppléer au nucléaire.
Et nous touchons là, à une première tromperie distillée par
la vidéo mentionnée plus haut : l'Allemagne n'a pas intensifié sa production d'énergie thermique (gaz et charbon) à cause de l'éolien (qui ne
produit de l'électricité, je dirais, que par "mauvais temps", quand il y a du vent) mais à cause de son choix d'arrêter le nucléaire, nuance.
Vouloir remplacer le nucléaire par l'éolien n'est pas réaliste mais cet argument ne condamne pas l'éolien comme veut le faire entendre
les anti-éoliens. Il ne condamne que le choix de vouloir que l'éolien remplace le nucléaire. Première tromperie.
Second argument trompeur : "les lobbies qui règnent en maître". Et c'est vrai et véritablement scandaleux. Le vent étant une source d'énergie
qui appartient au patrimoine national, l'exploitation de ce patrimoine se doit d'être nationalisée. Que vient faire le privé dans ce qui constitue
un bien commun et un intérêt public ? Cette mainmise du privé est proprement scandaleuse : elle relève du détournement de bien public
qui s'accompagne, de plus,
d'une corruption généralisée : les anti-éoliens ont raison de dénoncer ce scandale. Et il est encore plus scandaleux de voir nos politiques
tremper directement dans cette corruption et l'enrichissement personnel qui en résulte. Cette taxe CSPE qui apparaît sur nos factures d'électricité
(obligeant EDF à racheter l'électricité
éolienne au double de son prix, et donc de répercuter ce surcoût dans une taxe appliquée au prix public de l'électricité que nous consommons),
taxe votée par nos élus, cette taxe constitue le summum de la tromperie de nos gouvernants à notre égard,
tromperie qui ne nous étonnera plus guère tant le discours politique s'apparente aujourd'hui au mensonge, du niveau local jusqu'au plus haut
niveau de l'État. Il y aurait, en tout cela, motif à descendre dans la rue !
Mais en quoi l'argument est-il trompeur ? Il est de nous faire croire que l'éolien est responsable de ce scandale économique et politique.
Là encore, l'éolien ne peut être remis en cause par de tels arguments, aussi fondés et scandaleux soient-ils. C'est le système
politique de notre pays et son système d'économie de marché, jusque dans l'exploitation du vent, qui est en cause et uniquement cela.
Vouloir assimiler ce scandale économique et politique au bien-fondé de l'éolien est donc un argument trompeur.
Passons sur ce qui est présenté comme "une contamination des sols" : les 40 tonnes de ferraille et les 800 à 1000 tonnes de béton nécessaires
pour arrimer solidement une éolienne au sol. Combien de tonnes de ferraille et de béton pour construire une centrale classique ou nucléaire ?
De fait, de contamination, il n'y a point. Juste un encombrement de béton ferraillé qu'on pourrait même imaginer servir à arrimer autre chose
en cas de démentèlement de l'éolienne. Peut-on dire la même chose d'un site nucléaire, site qui restera radioactif des centaines,
voire des milliers d'années après son arrêt ?... L'argument, là, frise la malhonnêteté.
Nuisance sonore (par grand vent) et défiguration du paysage. Là encore, le problème est politique : l'implantation des éoliennes
devrait être étroitement encadrée par une structure d'état totalement indépendante des intérêts en jeu et c'est loin d'être le cas puisqu'il
semble que ce soit le contraire qui prévaut : les intérêts financiers des groupes et des élus semblent le moteur des décisions prises,
notamment en ce qui concerne le choix des lieux d'implantation.
Bien sûr, à proximité directe d'un village, d'une zone habitée, d'un monument historique, comment peut-on autoriser l'implantation d'une
éolienne de plus de 100m de hauteur ? Simple bon sens qui ne rejoint pas, semble-t-il, celui de nos élus... Mais peut-être a-t-on
les élus qu'on mérite ?...
Reste qu'une éolienne, sans être ce "monstre de fer" que l'on prétend, aura toujours un impact sur le paysage, impact dérangeur comme
l'est tout changement en général. Comme l'ont été, en leur temps, l'implantation des lignes électriques, en particulier des lignes de
moyenne et haute tension, ou encore le tracé des lignes de chemin de fer, fortement décriées à l'époque. Le formidable débouché d'emplois
crée par le chemin de fer (ce qui n'est pas le cas de l'éolien) l'a probablement emporté. Et on a bien condamné des villages pour installer des
barrages hydro-électriques, "défiguré des paysages" pour faire passer le train ou la ligne électrique... On peut, tout aussi bien,
imaginer une implantation raisonnée et raisonnable des éoliennes. On est donc là devant un choix qui ne pourra être proposé qu'après
"assainissement politique et économique" de la situation actuelle.
Un mot à propos de l'emploi. Les anti-éolien ont raison de pointer le fait que l'éolien n'engendre pas, ou très peu, d'emplois durables. Un peu
de main d'uvre pour la maintenance des éoliennes, très peu pour la surveillance... Mais ils oublient de dire que la mise en uvre
d'un programme d'ampleur dans ce domaine génèrera, elle, beaucoup d'emplois le temps de la fabrication et de la mise en place des structures.
Ce sont un peu plus de 10 000 emplois qui ont été générés par l'éolien français en 2013 dont 20% sont de nature pérenne (maintenance). On
peut imaginer qu'un parc multiplié par 10 génèrera 10 fois plus d'emplois...
Enfin, et pour être complet, un mot sur l'éolien et l'hydrolien offshore (les éoliennes de haute mer, bien plus hautes et puissantes que ses
surs de terre ferme, et les turbines sous-marines fonctionnant à partir du mouvement des marées). Là encore, il faut être raisonnable
pour définir les zones de ce qu'on appelle les fermes (groupes d'éoliennes offshores ou groupe de turbines sous-marines hydroliennes) et l'on comprend
les artisans pêcheurs qui verraient leurs zones de pêche considérablement réduites. Dans notre société de politiques préoccupés d'abord
par leur image, leur pouvoir et leur argent, les pêcheurs peuvent être inquiets. Mais dans une société de politiques préoccupés par le bonheur du peuple
et mus par un réel désintéressement personnel, l'implantation de fermes productrices d'électricité pourrait devenir une chance pour
ces pêcheurs en créant, de fait, des zones de non pêche propices à régénérer les espèces et permettre, à terme, une pêche plus productive
en qualité, une pêche qui, elle aussi, deviendrait...durable !
Je terminerais mon propos en reprenant la conclusion du film "éolienne, la grande escroquerie" : Il est temps que les Français,
les politiques, les écologistes, tous un tant soit peu honnêtes, fassent cesser cette gabegie ! Dans la transition énergétique annoncée,
il est temps que l'État se mette debout et joue son rôle en assainissant et prenant en main la conduite et les outils de cette transition
dont l'enjeu, au-delà de trouver une alternative à l'énergie fossile appelée à disparaître, n'est autre que la survie de notre espèce sur
une planète appauvrie, massacrée, bientôt agonisante si rien n'est réellement fait à temps...
Formidable aventure que celle de notre temps, mais quel challenge et quelle responsabilité !
* voir
l'approche de l'économiste Jérémy RIFKIN sur ce sujet (septembre 2012)
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Idolâtrie de l'argent
Le Pape François l'exprime avec force : l'économie de l'exclusion et de la disparité sociale tue.
"Il n'est pas possible que le fait qu'une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que
la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà l'exclusion. On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette, quand il y a
des personnes qui souffrent de faim. C'est la disparité sociale. Aujourd'hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort,
où le puissant mange le plus faible."
Rejetés en dehors de la société, "ces exclus ne sont pas des exploités, mais sont devenus des déchets, des restes"...
Et le Pape de poursuivre sa pensée :
"La culture du bien-être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque chose que nous n'avons pas encore acheté, tandis que
toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en aucune façon.
Une des causes de cette situation se trouve dans la relation que nous avons établie avec l'argent, puisque nous acceptons paisiblement
sa prédominance sur nous et sur nos sociétés. La crise financière que nous traversons nous fait oublier qu'elle a à son origine une crise
anthropologique profonde : la négation du primat de l'être humain ! Nous avons créé de nouvelles idoles. L'adoration de l'antique veau d'or
a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l'argent et dans la dictature de l'économie sans visage et sans un but
véritablement humain. La crise mondiale qui investit la finance et l'économie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout,
l'absence grave d'une orientation anthropologique qui réduit l'être humain à un seul de ses besoins : la consommation.
Alors que les gains d'un petit nombre s'accroissent exponentiellement, ceux de la majorité se situent d'une façon toujours plus éloignée du bien-être
de cette heureuse minorité. Ce déséquilibre procède d'idéologies qui défendent l'autonomie absolue des marchés et la spéculation financière.
Par conséquent, ils nient le droit de contrôle des États chargés de veiller à la préservation du bien commun. Une nouvelle tyrannie
invisible s'instaure, parfois virtuelle, qui impose ses lois et ses règles, d'une façon unilatérale et implacable. De plus, la dette et ses
intérêts éloignent les pays des possibilités praticables par leur économie et les citoyens de leur pouvoir d'achat réel. S'ajoute à tout cela
une corruption ramifiée et une évasion fiscale égoïste qui ont atteint des dimensions mondiales. L'appétit du pouvoir et de l'avoir ne connaît
pas de limites. Dans ce système, qui tend à tout phagocyter dans le but d'accroître les bénéfices, tout ce qui est fragile, comme l'environnement,
reste sans défense par rapport aux intérêts du marché divinisé, transformés en règle absolue." *
On ne peut exprimer plus clairement la situation politique, sociale et économique de notre monde qui court à son déclin catastrophique...
* "LA JOIE DE L'ÉVANGILE", édition "Parole et Silence" -novembre 2013-
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Quand l'humanisme prospère au sein des entreprises...
" [...] de belles aventures d'entreprises rescapées de la crise grâce au choix courageux d'un patron qui décide de faire confiance à ses employés.
De ne plus être le seul qui sait et qui décide.
La recette du succès ? La réunion des intelligences, l'allègement du contrôle et le gain de
liberté à chaque niveau : l'opportunité pour chacun d'être plus créatif et innovant.
Un paradoxe en temps de morosité économique ? Ou plutôt un
signe précurseur. On pourrait faire le lien avec les nouveaux modes de consommation collaborative, initiés par la culture Internet, qui promeuvent
l'échange de biens ou l'organisation de services entre particuliers.
Ce que ces expériences ont en commun ? La réciprocité, un partage confiant de savoir-faire, cette idée que, dans un monde où on doute de
tout et de tous, restaurer sa confiance en l'autre et croire en son potentiel est la nouvelle clé de la créativité. L'idée aussi que,
valorisé et donc plus heureux de travailler, chacun sera plus performant.
Cette économie participative peut sembler utopique...mais elle marche. Et elle augure d'un monde où la richesse de l'entreprise ne serait pas
d'abord financière mais humaine. Où cet humanisme revendiqué, qui plus est, ouvre la porte à la prospérité.
Une vision que l'on osera qualifier de prophétique."
[ Élisabeth MARSHALL, rédactrice en chef de l'hebdomadaire chrétien d'actualité LA VIE ]
De son côté, Isaac GETZ, professeur à l'école de commerce ESCP Europe, dégage 4 constantes : l'écoute des collaborateurs, le partage
d'une vision commune, la création d'un environnement propice à l'automotivation et la culture de la liberté de chacun. "Se soucier de
l'épanouissement de ses salariés, c'est rencontrer leur adhésion et la prospérité économique qui va avec" conclut-il.
Et l'on se prend à rêver au jour où les maires adopteront ce modèle dans leur équipe et leur mairie...
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Vous avez dit : croissance ?...
Le saviez-vous ?
Le 31 octobre 2011, l’Organisation des Nations Unies a symboliquement décrété que le sept milliardième humain venait de naître. Est-il né dans un
bidonville ou dans un palais ? Nous ne le saurons jamais.
Chaque seconde, on compte 5 naissances et 2 décès sur la Terre. On estime que la population
du globe atteindra les 8 milliards en 2025, 9 milliards en 2043 et 10 milliards en 2083...
Le saviez-vous encore ?
Si on estime à 1 milliard le nombre de personnes qui mangent trop dans le monde, près de 1 milliard d'humains souffrent actuellement de la faim
et un enfant meurt toutes les six secondes à cause de la malnutrition !
Il faut savoir aussi que si tout le monde consommait autant qu’un Français, il faudrait disposer de 2,5 Terres...
Et pendant ce temps,
la croissance est devenue une idole devant laquelle économistes, médias et politiques se prosternent...
Nous vivons pourtant sur une planète aux ressources limitées, c'est une évidence et chacun en convient.
Alors, réfléchissons un peu :
Comment peut-on prôner comme seule avenir possible de notre humanité une croissance infinie sur une planète aux ressources limitées ?
Notre système économique basé sur la croissance fait de chaque nation une entreprise compétitive en guerre économique contre les autres nations et de
chaque individu un ennemi de son voisin. Précarité, exclusion, injustice sont les fruits de ce système dont les plus faibles font les frais. 20% de la
population de la planète -les pays riches, dont la France- consomment 80% des ressources naturelles de la Terre.
Voilà la réalité du monde que nous laissons à nos enfants : un modèle dominant fondé sur l'asservissement, l'épuisement accéléré des ressources
vitales et la détérioration biologique de la biosphère. Pas de quoi être fier...
La croissance n'est pas une solution à la crise, elle est le problème !
Alors que faire, quoi penser, vers où aller pour passer de ce constat, réel et dramatique, à un chemin d'espérance qui s'ouvrirait vers une société
qui serait respectueuse des êtres humains et de la nature ? Car le pire serait de s'installer dans la fatalité...
Pierre RABHI, dont j'ai récemment découvert les écrits, semble proposer une alternative courageuse autant que réaliste. Il pose
2 questions fondamentales :
" Comment se fait-il que l'humanité, en dépit des ressources planétaires suffisantes et de ses prouesses technologiques sans précédent,
ne parvienne pas à faire en sorte que chaque être humain puisse se nourrir, se vêtir, s'abriter, se soigner et développer les potentialités
nécessaires à son accomplissement ? "
"Comment se fait-il que nous n'ayons pas pris conscience de la valeur inestimable de notre petite planète, seul oasis de vie au sein
d'un désert sidéral infini, et que nous ne cessions de la piller, de la polluer, de la détruire aveuglément au lieu d'en prendre soin et d'y
construire la paix et la concorde entre les peuples ? "
Face à ce questionnement, Pierre RABHI répond...par ses actes !
En 1960, il quitte la capitale et s'installe en Ardèche où il décide, avec sa femme, de vivre de son travail de la terre en suivant un principe :
le respect de la nature. Il découvre les principes de l’agriculture biologique et écologique (nous sommes en 1960 ! ), il les applique avec
succès sur la terre aride et rocailleuse de sa ferme, dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage.
En 1978, il est chargé de formation à l'agroécologie par le CEFRA (Centre d'études et de formation rurales appliquées) et, à partir de 1981,
il met en place plusieurs programmes de formation en France, en Europe et en Afrique.
Invité au Burkina Faso où les paysans souffrent d'un marasme écologique (sécheresses répétitives) et économique (cherté des engrais et pesticides),
Pierre Rabhi développe sa première action agroécologique et crée, en 1985, un premier Centre africain de Formation à l’Agroécologie de Gorom-Gorom,
avec l'appui de l'association "Le Point-Mulhouse".
En 1988, Pierre Rabhi est reconnu comme expert international pour la sécurité alimentaire et
la lutte contre la désertification. Il met en place, ensuite, un certain nombre de programmes et d'actions, en France et à l'étranger,
intervient dans le cadre de l'élaboration de la Convention de lutte contre la désertification (CCD) et est appelé à formuler
des propositions concrètes pour son application.
En 2002, il se lance dans une campagne électorale "non conventionnelle" en proposant de replacer l'Homme et la Nature au cœur de la logique.
Sa campagne a donné naissance à plus de 80 comités départementaux de soutien : les colibris. Il crée aussi plusieurs mouvements, centres, écoles et
écrit un certain nombre de livres.
En 2006, il lance
Colibris, mouvement pour la Terre et l’Humanisme dont la mission est d'inspirer,
relier et soutenir ceux qui veulent construire une société écologique et humaine.
Face au " fleuve en crue qu'est devenue la société d'aujourd'hui" comme il le dit, à " ce “toujours plus” qui renforce l’indigence de
l’âme et du cur au profit de la matière morte", il chante " un magnifique chantier qui s'offre à
l'imagination des bâtisseurs du futur" : rompre avec cette idéologie de la croissance pour se diriger vers une société plus humaine où
vivre sobrement, favoriser une vraie convivialité dégagée de l'accumulation des marchandises nous rendra plus responsables et plus respectueux
des autres, des animaux et de la nature.
Mais il annonce la couleur : " il n'y aura pas de changement de société sans changement des individus qui la composent". Et d'illustrer
ce propos par une légende qui lui tient à cur :
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul
le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par
cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
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Écoutons Pierre RABHI lancer son cri d'espérance :
" L'humanité a désormais autre chose à faire que de s'échouer sur les récifs de ses propres aberrations.
L'heure du bonheur dans l'élégance de la modération et de la sobriété a sonné. Et, encore une fois, nous n'avons heureusement pas
d'autre choix ! "
Comment faire comprendre que la croissance indéfinie est totalement incompatible avec une réalité limitée telle que la sphère terrestre ?
Comment faire comprendre que la croissance a généré plus d’inégalités que d’équités ?
Comment faire comprendre que cette croissance indéfinie implique une stimulation permanente de l’avidité humaine ?
Force est de constater qu’en dépit de la croissance, nous n’avons pas résolu le problème de la faim, et que le superflu des uns s’impose aux
dépens de l’indispensable des autres. Je ne crains pas de le dire : la décroissance, c’est la lucidité.
C’est comprendre que notre système est incompatible avec les limites de notre planète.
Oui, l’urgence absolue, c’est d’arrêter de nous entretuer et de tuer la terre qui nous nourrit. Que fait l’humanité aujourd’hui ? Elle tue sa maman.
Pierre RABHI
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Pour mieux connaître la pensée de Pierre RABHI
citations
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Il n'y a rien de plus puissant qu'une idée dont le temps est venu. (Victor Hugo)
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La mer, une solution pour une mutation annoncée et incontournable ?
Pour faire suite aux articles concernant la nécessaire mutation de notre mode de vie, en particulier sur le plan de l'énergie puisque nous nous
acheminons, qu'on le veuille ou non, vers la fin de "la civilisation pétrole" (lire, en particulier,
sortie de crise : un chemin possible ! ), voici une autre parole d'espérance, celle d'un spécialiste de la mer.
Christian BUCHET est membre de l'Académie marine, directeur du Centre d'études de la mer de l'Institut catholique de Paris,
directeur scientifique du projet Océanides qui rassemble plus de 300 chercheurs spécialistes de la mer.
Il a été secrétaire général du Comité national de suivi du Grenelle de la mer en 2009.
Son dernier ouvrage, en collaboration avec Philip Plisson, s'intitule "la Mer, avenir de la Terre" (édition La Martinière)
"Culturellement et historiquement, la France n'est pas un pays tourné vers la mer. On ne parle de la mer, en France, qu'à travers les marées noires,
la piraterie ou le tourisme. La mer est davantage conçue comme une barrière que comme un moyen d'échange, une voie de communication.
Or tous les grands pays ont une politique maritime que ce soit les États-Unis ou la Chine. Plus de 16% du PIB de la Chine est dû à ses activités
maritimes, alors qu'en France, ce n'est que 2,4%. Si on lançait une politique de la mer, cela pourrait créer 180 000 emplois
en cinq ans ! "
De ce point de vue, il est éminemment dommage que les politiques n'aient pas mis en uvre les 327 propositions, fruit des travaux du
Comité national de suivi du Grenelle de la mer de 2009.
"Tous les chercheurs qui travaillaient sur ce sujet sont arrivés à la conclusion que la quasi-totalité des solutions pour un avenir durable
et même désirable, émaneront du milieu marin. Mais l'élan est retombé. Le problème c'est qu'il y a peu d'électeurs en mer, à moins de donner
le droit de vote aux poissons..."
Depuis 1982 existe une bande de 372 km le long du littoral de tous les pays ayant des côtes en bordure de mer, bande appelée
Zones Économiques Exclusives (ZEE) et la France, grâce à ses Dom-Com, possède ainsi 11 millions de km² de ZEE ce qui fait de notre pays
la deuxième puissance maritime au monde, tout juste derrière les États-Unis !
Et cette puissance est, avant tout, une puissance (potentielle) énergétique, vous avez bien lu !
"Du point de vue énergétique, on peut compter les éoliennes offshores flottantes, mais aussi les hydroliennes, qui sont sous l'eau et qui
ne gênent pas la navigation. Les industries françaises sont en pointe sur le sujet. Il existe également l'énergie houlomotrice, créée grâce à
la houle et l'énergie thermique de la mer.
En terme d'impact, les résultats peuvent être très importants. Par exemple, les éoliennes plantées au large de l'estuaire de la Tamise et
égrenées sur 232 km², produisent l'équivalent du quart de la consommation électrique de Londres. Et ce n'est qu'un début : selon
le gouvernement britannique, d'ici à 2020, les éoliennes offshores installées au large de l'Angleterre devraient fournir 18 000 mégawatts,
ce qui correspond à la production de 11 EPR ! (EPR : réacteur nucléaire de troisième génération)
Quant à la France, le Grenelle de la mer a fixé comme objectif de produire 6 000 mégawatts grâce aux éoliennes offshores, d'ici à 2020,
ce qui permettrait de créer 37 000 emplois. À cette date, l'éolien offshore pourrait produire 12% de l'électricité mondiale.
Ce n'est pas un gadget, c'est une vraie révolution !"
On le voit, les solutions de transition pour sortir du "tout pétrole" existent. Ce qui manque, c'est une volonté politique capable de
contrer les lobbies des énergies fossiles lesquels nous enferment un peu plus chaque jour dans une logique de suicide planétaire au nom
du profit et du confort immédiat.
Ce qui manque peut-être davantage encore, c'est une vision d'avenir incarnée par des politiques courageux capables d'extirper notre monde
de la vision "à courte vue" qui régente nos économies et nos sociétés actuelles...
Ce qui manque surtout, c'est une espérance au cur de l'homme !
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Les lendemains qui chantent
Nous y voilà, nous y sommes.
Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle
lui fait mal.
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance, nous avons chanté, dansé. Quand je
dis « nous », entendons un quart de l'humanité, tandis que le reste était à la peine.
Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons
conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en
tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi,
nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusé.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles
génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter
l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s'est marré.
Franchement on a bien profité.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis
lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes.
Mais nous y sommes.
À la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire)
qu'on ne l'a pas choisie.
« On est obligé de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
Oui.
On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé,
après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue,
nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son ultimatum est clair et sans pitié :
Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes,
et d'ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi ou crevez avec moi.
Évidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on
s'excuse, affolés et honteux.
D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.
Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours
blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas
sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille –, récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marré).
S'efforcer.
Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
Pas d'échappatoire, allons-y.
Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement
satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes
spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être –.
À ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
À ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.
Fred Vargas
Archéologue et écrivain
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Mondialisation, un humain en mutation...
Quelques repères :
Jusqu'en 1820 environ, et ce, pendant près de 2000 ans, la Chine et l'Inde sont les deux puissances
du monde.
Depuis le XIXème siècle, l'Europe suivie de l'Amérique du nord vivent un décollage au niveau mondial.
Depuis l'an 2000, nous ne vivons plus sur 192 bateaux différents mais sur 192 cabines d'un unique bateau, tel un village
global de consommateurs, téléspectateurs, Internautes...
À l'ancien paradigme dirigisme, contrôle, concurrence
tend à se subtituer un nouveau paradigme : collaboration, coopération, coexistence.
De la réussite du passage entre ces deux paradigmes dépend...notre survie !
"Un autre monde est possible, mais il est dans celui-ci." (Paul Éluard)
D'après le film de Hubert VEDRINE
"Un monde dans tous ses états"
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Pour une entreprise sociale...
Pour sortir de l'impasse économique, sociale et environnementale, l'entreprise doit se réinventer. "En associant la promotion de nos savoir-faire à
des valeurs de solidarité, de respect de l'homme et de l'environnement" explique Malo Bouëssel du Bourg, directeur de l'association
"Produit en Bretagne" qui regroupe 300 patrons bretons. Il s'achève le temps où seul compte le profit des actionnaires. Désormais,
l'entreprise se conçoit comme implantée dans un environnement, en relation avec la société. "L'entreprise ne peut plus être une
simple machine à fric."
Les grands experts du management se sont emparés du sujet et l'on formalisé sous le nom de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE).
Le RSE est, en quelque sorte, le développement durable appliqué à l'entreprise. L'enjeu est, ni plus ni moins, "d'assurer
une pérennité de la planète. Si nous continuons à détruire l'écosystème et la cohésion sociale, nous courons à notre perte", rappelle
Michel Capron, professeur émérite des universités, auteur de "la Responsabilité sociale d'entreprise" (La Découverte). Et
de rajouter : "La RSE pourrait aussi conduire à l'émergence d'un nouveau modèle qui ne donnerait plus la primauté à l'actionnaire et qui
intègrerait les acteurs extérieurs de la société civile : consommateurs, fournisseurs, organisations de la société civile, dans son fonctionnement."
Il s'agit donc d'abord d'une question politique et citoyenne.
C'est ainsi qu'un nouveau concept d'entreprise, l'entreprise sociale, est en train de naître de notre crise, sous nos yeux.
Le sociologue François Bottolier-Depois, coauteur de "l'entreprise du XXIème siècle sera sociale (ou ne sera pas)", paru
chez l'éditeur Rue de l'Échiquier, en donne cette approche : "Une organisation productive privée dont l'objet est d'atteindre
un impact social, sociétal et environnemental positif, dans le cadre d'une lucrativité limitée."
"L'entreprise sociale est une réponse efficace aux dysfonctionnements de l'économie de marché [...] et un moyen de palier les défaillances de
l'État-providence."
Elle refuse la recherche de profit pur et simple sans pour autant nier l'impératif de rentabilité. Et pourrait être, à ce titre,
un exemple à suivre pour l'ensemble des acteurs économiques.
Utopique ? Bien au contraire.
"Ce modèle n'est pas compliqué à généraliser et aurait rapidement des répercussions positives, estime le sociologue.
Il suffirait de créer un statut de l'entreprise sociale, de faire en sorte que les entreprises puissent bénéficier en priorité des avantages
fiscaux et des marchés publics, de former des analystes financiers spécialisés dans l'entreprenariat social...
On aurait alors une solution
pragmatique à la crise."
Un capitalisme à visage plus humain et surtout, une piste d'espérance pour le monde de demain.
Article rédigé à partir de celui de Christine Monin
paru dans le journal "La Vie" du 23 août 2012
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Sortie de crise : un chemin possible !
Nous nous trouvons à l'orée d'une troisième révolution industrielle¹, sans même nous en rendre bien compte. Le sujet est nouveau :
on n'en parle pas beaucoup dans les médias. Il demande quelques explications.
État des lieux
Nous arrivons au terme des années-pétrole, que nous le voulions ou non.
Bien sûr, on va encore forer plus loin, plus profond, découvrir peut-être d'autres super-gisements mais à quel prix ?
C'est une sorte de pillage des ressources énergétiques fossiles, qui ne laissera pas grand chose à nos petits enfants... Cette course, que l'on
pourrait considérer comme immorale vis à vis des générations futures, a une fin, et nous y voilà.
Car ne nous leurrons pas, et on ne le sait pas assez : la crise que nous connaissons depuis 2008 n'est pas une crise financière
mais une crise énergétique et n'a pas démarré en août 2008 mais un mois plus tôt !
Fin 1973, premier choc pétrolier : le baril de pétrole passe de 3$ à plus de 11$... En 2000, il tournait autour de 24$ et brusquement,
après avoir passé, en 2007, la barre des 70$, en juillet 2008, le baril de pétrole avoisine les 150$.
Or, dans notre économie mondiale, la quasi-totalité de l'activité dépend du pétrole et des autres énergies fossiles. L'économie mondiale
s'est alors tout simplement arrêtée ! La crise financière n'a été qu'une conséquence de ce grippage de l'économie mondiale.
Ce qui s'est passé en juillet 2008, c'est ce que Jérémy RIFKIN ² appelle un "pic de la mondialisation".
"Une grande partie du monde ne le sait pas encore, mais il est clair
que nous avons atteint les dernières limites des possibilités de poursuivre la croissance mondiale dans le cadre d'un système économique
profondément dépendant du pétrole et des autres énergies fossiles." Et de poursuivre : "Nous vivons actuellement, à mon sens,
la fin de partie de la deuxième révolution industrielle et de l'âge du pétrole qui est son fondement."
Tout ceci n'est guère réjouissant, surtout quand on ajoute à cet état des lieux de l'économie mondiale, le tragique réchauffement climatique.
Elles sont nombreuses les voix qui prédisent l'extinction de l'humanité. Cette prédiction funeste est dans la logique des choses, mais est-elle
pour autant inéluctable ? Rappelons-nous cette parole d'Élie WISEL : "Puisqu'il est donné à l'homme d'agir sur l'évènement, comment faire
pour qu'il le dirige vers le soleil plutôt que vers le gouffre ? "
Jérémy RIFKIN propose une autre vision, une vision de sortie de l'impasse où se trouve l'humanité, une vision réaliste, globale, construite,
un cap vers une ère post-carbone durable à l'orée du milieu du siècle, un espoir de pouvoir peut-être conjurer ainsi la catastrophe climatique.
Cet économiste semble avoir été entendu par L'Union européenne : en mai 2007, le Parlement européen a voté une déclaration écrite officielle
où il reprenait à son compte l'idée de troisième révolution industrielle pour en faire la vision économique à long terme et la feuille
de route de l'Union.
De quoi s'agit-il exactement ?
Vous avez dit révolution industrielle ?
Selon Jérémy RIFKIN, il existe un lien étroit entre système de communication et source d'énergie. L'économie ne serait,
ni plus ni moins, que la conjonction de ces deux éléments. Il y eut ainsi deux révolutions industrielles qui, chacune, a généré leur
propre système économique adapté :
L'introduction de la machine à vapeur dans l'imprimerie a fait de celle-ci le principal moyen de communication qui a permis de gérer
la première révolution industrielle. La presse à cylindre actionnée à la vapeur, puis la rotative ont considérablement accru
la vitesse d'impression et réduit les coûts. Pour la première fois dans l'histoire, l'alphabétisation de masse, avec l'avènement de l'école publique
entre 1830 et 1890, a créé une main-d'uvre alphabétisée, habituée à l'imprimé, qui a pu organiser les opérations complexes d'une économie du rail
et de l'usine alimentée au charbon et propulsée à la vapeur.
Au début du XXème siècle, la communication électrique a convergé avec le moteur à combustion interne fonctionnant à l'essence
pour engendrer la seconde révolution industrielle. L'électrification des usines a inauguré l'ère des biens produits en série, dont le plus
important a été l'automobile. Industrie du pétrole, routes nationales et autoroutes, lignes téléphoniques, zones résidentielles en banlieue
parfois éloignées du lieu de travail, radio puis télévision, tout cela a modelé la vie sociale et créé un réseau de communications capable de gérer
les activités géographiques dispersées de l'âge du pétrole et de l'automobile.
À noter que ce modèle social est établi sur un système d'autorité vertical qui en constitue une des caractéristiques principales.
Nous sommes aujourd'hui à la veille d'une nouvelle convergence entre technologie des communications et régime énergétique. La jonction
entre la communication par Internet et des énergies renouvelables engendre une troisième révolution industrielle. Au XXIème siècle,
des millions d'êtres humains vont produire leur propre énergie verte dans leurs maisons, leurs bureaux, leurs usines et la partager entre eux
sur des réseaux intelligents d'électricité distribuée, exactement comme ils créent aujourd'hui leur propre information et la partagent sur Internet.
Les conditions de la réussite...
Tout ceci a l'air trop beau, me diront certains. C'est du rêve me diront d'autres...
À ceux-là je répondrais deux choses : d'abord, il ne semble pas y avoir d'autre alternative devant l'échéance, fatale pour notre humanité,
de l'épuisement de nos ressources et du dérèglement climatique, ensuite, cette troisième révolution industrielle, comme l'appelle RIFKIN, est
déjà une réalité naissante ici ou là dans le monde et en particulier en Europe. Si elle n'émerge pas à vue, c'est qu'elle nécessite un
changement radical de vision du monde et de la société, où la propriété cèdera la place à l'usage, où l'autorité ne sera plus verticale mais
distribuée et latérale, où la vision politique divisée entre capitalisme et socialisme cèdera la place à un clivage entre
centralisé et autoritaire et distribué et coopératif, pour ne prendre que quelques caractéristiques de ce qu'il faut bien
appeler : un changement de mentalité en profondeur.
Voilà pourquoi il est, encore aujourd'hui, si difficile de percevoir ce qui, pourtant, est en marche - et heureusement -
Pour réussir ce passage, RIFKIN a repéré cinq conditions qui devront être mis en uvre simultanément.
Il les appelle les cinq piliers de la troisième révolution industrielle.
Le passage aux énergies renouvelables : le passage à 20% d'énergie renouvelable en 2020 est devenu un objectif de référence pour
l'Union européenne. Il s'agit, essentiellement, de récupérer l'énergie du soleil, celui du vent, de la géothermie et des marées...
La transformation du parc immobilier en un ensemble de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables.
Quand on sait qu'une heure de lumière solaire serait suffisant pour faire tourner l'économie mondiale pendant...un an ! , et que le
photovoltaïque pourrait couvrir, à lui seul, 40% de la consommation européenne, on peut entrevoir qu'il s'agit bien d'un possible et
non d'un rêve... Après un siècle de domination des grandes compagnies du pétrole, du gaz et de l'atome sur l'économie,
sans parler de leur influence sur la politique des États et la géopolitique des relations internationales, voici que l'on propose
un nouveau plan qui va démocratiser la production et la distribution de l'énergie en créant des millions de mini-entrepreneurs énergétiques.
Le déploiement de la technologie de l'hydrogène et d'autres techniques de stockage de l'énergie électrique. La technologie existe, grâce
à la recherche spatiale en particulier. Elle a besoin d'être adaptée à l'usage domestique. En 2003, le président PRODI annonce que la
Commission européenne lance une initiative de recherche de 2 milliards d'euros pour préparer l'Europe à une économie de l'hydrogène. Et
en 2006, Angéla MERKEL lance sa propre initiative de recherche-développement sur l'hydrogène. La clé d'un avenir durable est peut-être dans
la mise au point d'une technologie de stockage de l'électricité, fiable et rentable.
L'utilisation de la technologie d'Internet pour transformer le réseau électrique en inter-réseau de partage de l'énergie : numériser
le réseau électrique et le rendre intelligent, voilà un défi pour EDF (pour ne citer que lui) dans les toutes prochaines années... Ce réseau
énergétique intelligent englobera pratiquement tous les aspects de la vie. Logements, bureaux, usines et véhicules vont communiquer entre
eux en permanence et la question, depuis 2008, est à l'ordre du jour des stratégies de nombreuses grandes entreprises de l'énergie.
La généralisation des véhicules branchables ou à pile à combustion dont on prépare actuellement la commercialisation. Les premiers
véhicules branchables et à pile à combustible sont sortis des chaînes de montage en 2011... La sortie en nombre de ces véhiculent pourrait
advenir dès 2013. Les stations de charge ont commencé à être vendues et installées ici ou là mais leur prix est encore très élevé (autour de 4000€).
En 2030, les bornes de recharges devraient être omniprésentes et en 2040, on estime que 40% des km parcourus par les véhicules
légers le seront électriquement...
Notre avenir est donc possible.
Ces quelques pierres sur ce chemin d'aventure de notre humanité en marche en sont l'illustration. Ce possible est
de nature à faire contrepoids à "la déprim' ambiante", très française, qui se plaint de tout et dont l'horizon s'arrête souvent au temps qu'il
fera demain...
J'ai, pour ma part, puisé dans ces idées un réel motif d'espérance. Et l'on sait que l'espérance est source de joie.
Mais je ne vous ai pas encore tout dit !
Car, au-delà de cet à-venir possible et qui se dévoile, restent un enjeu et une incertitude.
L'enjeu est ce changement d'état d'esprit, sous-jacent à ce vers quoi nous allons. C'est un véritable changement de mentalité qui s'annonce
à l'horizon 2050. Avec Internet, nos petits-enfants y sont quelque peu préparés mais pour nous, quelle conversion !
L'incertitude concerne notre liberté, j'entends par liberté, notre capacité de libre-choix qui
peut nous faire choisir de conduire nos pas "vers le soleil", mais aussi "vers le gouffre"...
Et là, rien n'est joué...
¹ Ce concept de troisième révolution industrielle est développé par Jérémy RIFKIN
dans un livre que je vous recommande et qui en porte le titre (édition LLL).
² Jérémy RIFKIN est un économiste américain, conseiller auprès de l'Union européenne
et auprès de plusieurs chefs d'État du monde entier.
J'ai écrit cet article, ainsi que celui qui suit, à partir du livre de Jérémy RIFKIN "La troisième révolution industrielle"
dont j'ai tiré les détails techniques et cité un certain nombre d'expressions...
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Changement des mentalités à l'horizon 2050,
un enjeu pour la planète, un défi pour l'homme !
C'est le seul défi, peut-être, qui vaille, car de notre capacité à le relever, dépendra...la survie de notre civilisation, voire de l'humanité !
Des signes de ce changement qui s'annonce, il y en a ; je voudrais, ici, en croquer quelques-uns...
Parlons d'abord d'Internet qui a changé la règle du jeu du commerce en connectant des millions d'acheteurs avec des milliers de vendeurs
dans un espace virtuel pratiquement gratuit, remplaçant l'ensemble des intermédiaires, des grossistes aux détaillants, par un réseau
distribué de millions de personnes et en éliminant les coûts de transaction (à l'exception des frais d'expédition), coûts s'additionnant à toutes
les étapes de la chaîne de l'offre. Il ne s'agit pas seulement de vitrines mises en ligne, ce qui constitue le premier pas en ce domaine et
souvent le seul que l'on perçoive derrière nos écrans occidentaux :
de plus en plus de sites marchands proposent une personnalisation des relations entre le vendeur et l'acheteur, en particulier dans l'artisanat.
En marge de la vente commerciale elle-même, se développe une interaction entre vendeurs et acheteurs, un échange d'idées et,
au final, un lien social potentiel. C'est là le chamboulement induit par ce nouveau mode de commerce : un développement latéral, et non plus
uniquement vertical, opérant sur un mode coopératif, et non plus hiérarchique.
Un mouvement hésitant, sous nos latitudes, mais qui n'attend qu'une volonté politique pour vivre, chez nous, son essor...
Parlons des banques, ces "états dans l'état" qui font la pluie et le beau temps dans le domaine financier...
Dans les première et deuxième révolutions industrielles, l'extraction, le traitement et la distribution des énergies fossiles coûtaient si cher
que seule une poignée de gros acteurs centralisés pouvait réunir le capital financier nécessaire pour gérer le flux énergétique. Les géants
du pétrole avaient besoin des géants de la finance.
Aujourd'hui déjà, des banques spécialisées dans la micro finance prêtent des dizaines de milliers de dollars à des centaines de milliers d'emprunteurs
dans les régions les plus pauvres du monde. Le micro crédit sert de plus en plus à financer la production locale d'énergie verte dans des
endroits qui, jusque là, n'avaient jamais eu d'électricité. Près de 20 000 systèmes solaires domestiques sont installés chaque mois dans ces régions.
Qui le sait ? Qui le dit ?
Les journaux télévisés de nos pays riches préfèrent, et de loin, mettre leurs projecteurs sur tel ou tel fait divers,
telle ou telle lutte politique intestine, tels ou tels débats qui n'en sont pas, préférant nous distraire plutôt qu'à nous éclairer de ce qui,
pourtant, sera le demain de notre aujourd'hui. Il faut dire que les lobbies du monde de l'énergie, avec celui de la finance et de la politique,
ont tout intérêt à ce que notre mode de civilisation n'évolue pas dans un sens distributif et coopératif, ce qui, pourtant, me semble inéluctable.
"Les gens sont naturellement généreux, et ils vont aider les autres si on leur donne la possibilité de le faire de façon transparente
et responsable." Il s'agit de développer, non des relations de bienfaisance, mais des relations de partenariat : ainsi, les prêteurs
choisissent la demande qu'ils souhaitent aider à financer et le montant de la somme qu'ils prêteront, parfois quelques dizaines d'euros seulement.
Ce faisant, ils s'associent à d'autres pour financer en totalité le montant d'un prêt. Modèle innovant de crédit réellement distribué et qui a fait
ses preuves : telle banque spécialisée dans ce type de crédit a mis en contact plus d'un demi million de prêteurs de plus de 200 pays et plus de
460 000 petits entrepreneurs de près de 60 pays, leur prêtant près de 180 millions de dollars dont plus de 80% sont allés à des femmes.
le taux des remboursements ayant atteint 98,9% de ces sommes...
(voir le site de Kiva, à traduire en français -clic droit sur la page-)
Quand les politiques de notre vieille Europe prendront-ils le train en marche ?........
De la propriété à l'usage, j'en ai déjà dit deux mots dans un article précédent...
Dans le domaine de l'automobile, par exemple, il s'agirait de faire rouler des
millions de voitures en les intégrant à une vaste flotte de véhicules partagés auxquels d'autres pourraient avoir accès. Cela permettrait
à leurs propriétaires d'en tirer un certain revenu et assurerait à d'autres un accès facile à la mobilité. Bien sûr, les compagnies d'assurances
devront assurer les personnes et non les voitures comme c'est le cas actuellement.
La jeune génération commence à partager autre chose que des voitures : voyages avec des hôtes locaux qui accueillent chez eux et fournissent
gratuitement le gîte et le couvert, à charge de revanche. On les appelle les couch surfers. Ils sont plus d'un million dans 69 000 villes
du monde entier... Là encore les contacts, avant et après, ouvrent la porte à ces communaux sociaux distribués et coopératifs qui amènent des
personnes de cultures différentes à partager leur vie. Il s'agit de contribuer à "unir les gens par une communauté honnête et empathique"
(voir le site couchsurfing, toujours à traduire en français)...
Investissement remboursé sur...l'économie réalisée ! C'est ce que Philips Lighting a proposé aux collectivités : une ville passe
contrat avec Philips qui installe une nouvelle génération de diodes électroluminescentes, très économes en énergie, dans l'ensemble de
l'éclairage public et extérieur. La banque de Philips finance le projet et la ville rembourse Philips sur les économies d'énergie réalisées.
Si la compagnie ne réussit pas à faire advenir des économies, la perte est pour elle ! C'est un type de partenariat coopératif qui,
de plus en plus, deviendra la norme dans une économie de troisième révolution industrielle.
Entreprendre et coopérer ne paraît plus contradictoire, mais obligatoire pour réordonner la vie économique, sociale et
politique du XXIème siècle.
Un grand tournant de la pensée.
Ces quelques exemples que je viens de décrire brièvement donnent une idée de ce vers quoi nous allons et qui va révolutionner notre vie dans
les décennies prochaines. Mais ces changements de pratiques économiques ne pourront pas advenir sans un changement d'état d'esprit vis à
vis de la propriété.
À l'ère nouvelle, la notion de propriété, qui privilégiait l'acquisition des biens matériels sur des marchés et le droit d'exclure les autres
de leur jouissance, cède la place à une conception tout à fait différente de la propriété : le droit de jouir d'un accès aux réseaux sociaux et
de partager des expériences communes avec les autres. Nos idées sur la propriété sont si indissociables des notions traditionnelles de possession
et d'exclusion qu'on a du mal à imaginer qu'il existait un droit de propriété plus ancien dont les gens ont joui pendant des siècles : le droit
d'accéder à une propriété détenue en commun tel que : naviguer sur un fleuve, marcher sur un chemin de randonnée, se réunir sur la place
publique par exemple.
Cette idée plus ancienne de la propriété a été progressivement marginalisée à l'époque moderne et particulièrement sous l'égide de l'économie
de marché dont le monde souffre actuellement.
Mais le droit d'accès à Internet devient une puissante forme de propriété nouvelle dans un monde interconnecté et les valeurs de qualité de vie
sont en ascension, notamment la recherche de l'inclusion avec des millions d'autres dans les communautés mondiales de l'espace virtuel.
Répondant à la Chine, Hillary Clinton déclarait : "Les États Unis défendent un Internet unique où l'ensemble de l'humanité a un accès égal
au savoir et aux idées"
De la liberté et du bonheur
Nous finissons par comprendre que la vraie liberté ne consiste pas à s'affranchir des autres pour devenir une île, mais à participer en
profondeur à leur existence. Si la liberté d'un être est l'optimisation de sa vie, elle se mesure à la richesse et à la diversité de ses expériences
et à la force de ses liens sociaux. Une vie solitaire est une vie moins vécue.
La jeune génération est tout aussi portée à croire que, si le confort économique est essentiel, le bonheur est également proportionnel à
l'accumulation d'un...capital social. Ainsi, la sacro-sainte croissance tant recherchée est peut-être à redéfinir : plus de croissance de quoi
et pour quoi faire...
Même la science est bouleversée par ce qui émerge en l'homme actuellement : l'ancienne science voit la nature comme un ensemble d'objets ;
la nouvelle science la voit comme un ensemble de relations. L'ancienne science veut la nature productive ; la nouvelle science veut la rendre durable.
L'ancienne science cherche le pouvoir sur la nature ; la nouvelle science, un partenariat avec la nature. L'ancienne science valorise l'autonomie
par rapport à la nature ; la nouvelle science, la participation à la nature.
Pour survivre et prospérer en tant qu'espèce, il nous faudra repenser nos concepts d'espace et de temps. La définition économique classique du premier
-l'espace est un entrepôt de ressources passives- devra céder la place à une tout autre idée : l'espace est une communauté de relations actives.
Cette émergence de l'homme du troisième millénaire porte un nom : l'émergence de notre conscience biosphérique.
Et, dans notre jeu, nous avons, fort heureusement, un atout de taille : notre nature profonde ne fait pas de nous des êtres rationnels, détachés,
avides d'acquérir, agressifs et narcissiques, comme l'ont suggéré tant de philosophes des Lumières, mais affectueux, très conviviaux, coopératifs
et interdépendants. L'homo sapiens laisse la place à l'Homo empathicus. Civiliser, c'est étendre l'empathie¹. En matière
d'éducation par exemple, c'est encourager l'élève à penser et non à exécuter.
Dès lors, notre défi est simple -mais quel défi ! - : rétablir nos liens avec la nature, guérir la Terre et sauver notre espèce.
Dans l'histoire, des civilisations ont vécu quelque chose d'analogue dont l'enjeu était de se transformer à temps ou de regarder venir la mort.
Mais aujourd'hui, c'est la première fois dans l'histoire où l'effondrement d'une civilisation, la nôtre, toucherait l'humanité dans son ensemble.
Ce qui diffère aujourd'hui, c'est la probabilité croissante d'un changement qualitatif de la température et de la chimie de la Terre, provoqué par
le réchauffement de la planète :
il pourrait donner le coup d'envoi d'une extinction massive d'espèces animales et végétales, et rendre ainsi très possible la disparition de la nôtre.
Quand nous commencerons à penser en famille étendue mondiale, famille comprenant non seulement notre propre espèce mais tous nos compagnons
de voyage dans cet habitat évolutionniste qu'est la Terre, nous deviendrons capables de sauver notre communauté biosphérique et de régénérer notre planète
pour nos descendants.
C'est pourquoi, ce sont les hommes et les femmes d'espérance qui sont notre avenir.
Voulez-vous en être ?
¹ L'empathie pourrait se définir comme une cérébralisation de l'existence de l'autre.
D'après le livre de Jérémy RIFKIN "La troisième révolution industrielle"
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À ceux et celles qui feront le XXIème siècle, nous disons avec notre affection :
CRÉER, C'EST RÉSISTER.
RÉSISTER, C'EST CRÉER."
Extraits de "Indignez-vous" de Stéphane Hessel aux éditions Indigène
www.indigene-editions.fr
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