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Un maçon, à l'époque (c'est à dire avant guerre) ne cherchait pas à faire fortune. Il cherchait surtout à s'occuper en gagnant un peu d'argent. Et il avait du travail plus qu'il ne pouvait en faire ! Il ne gagnait pas grand-chose, mais n'avait que peu de frais...
Il partait pour la journée, parfois pour plusieurs jours, dans quelque ferme où il était nourri et logé par le client dont il se faisait souvent un ami... Il y allait à pied ! Plus tard, à vélo... Il n'y avait pas d'heure de travail !
Mais il était rarement seul : les maçons travaillaient à plusieurs. Ils étaient tous maçons, ils n'y avait pas d'ouvriers...

"C'était en famille. Ah, c'était bien, l'ambiance avec les gens !
Moi, je dis que c'était agréable..."

M. MARCHIVE


Il fallait de la terre à bâtir qui n'était pas de l'argile mais une terre ocre que l'on cherchait dans les bois et qui ne devait pas renfermer trop de cailloux... En général, les propriétaires approvisionnaient en terre à maçonner. On allait en chercher 2 m³ environ par jour, en tombereau tiré par des bœufs.
La terre, on en trouvait sur Merlande en particulier (du côté du Quartier).
Il fallait la malaxer et la mouiller. À la Beaucherie, dans la propriété des DUBESSET, on a vu malaxer le mortier de terre aux pieds, pantalons retroussés !
On ajoutait parfois un peu de chaux à cette terre afin qu'elle sèche plus vite et qu'elle colle un peu moins. Car pour coller, elle collait ! Tous les 3 ou 4 coups de truelle, il fallait la nettoyer à la curette...

Quand la terre était bien mouillée, on chargeait l'oiseau, posé sur des tréteaux. L'oiseau était un brancard en forme d'équerre, avec des planches de bois que l'on portait sur les épaules, très près du cou, et avec lequelle on montait la gâchée en haut de l'échafaudage. Une demie-brouette par voyage ! Et gare aux oreilles au déchargement !
"Si ça bascule, tes oreilles, tu les retrouves au bas de l'échelle !"

Et pour les toitures, on allait se fournir, dans les années 1900, à la tuilerie de Charles LABORIE...

Les échafaudages étaient fabriqués en codres (en barres) de châtaignier, parfois en pin. C'étaient des échafaudages "volants" c'est à dire non fixés au mur. On se servait d'échelles, que l'on posait à plat, avec quelques planches par-dessus... On attachait avec des liens servant à gerber le blé... On utilisait aussi parfois des filins d'acier torsadés...

On maniait aussi la scie pour tailler... la pierre. C'était la mandoline. On sciait, seul, des blocs d'un mètre au carré. Ainsi, au Quartier, quand les monuments historiques ont restauré le prieuré de Merlande, juste après guerre, André GADEAUD et M. COURNIAC ont été chargés de la taille des pierres de reconstruction. Ils taillaient des blocs achetés à St Vivien et déposés là, d'où le nom de Quartier donné à ce lieu, actuel carrefour de la route de Merlande sur la route de Biras. Ils les taillaient d'après les plans de l'architecte.
Pour faire un fil de 1 m, il fallait souvent la journée, surtout si l'on tombait sur la coquillère... Et quand la scie commençait à tourner de travers, on changeait de sens.
Et pour hisser les moëllons de pierre, deux hommes en prenaient un et le déposaient sur la nuque d'un troisième, lequel devait monter l'échelle avec sa charge en équilibre jusqu'en haut de l'échafaudage ! Des charges de 80, 100 kg parfois...

Mais ce genre de travail était plutôt rare. De même qu'étaient rares les constructions neuves. On faisait essentiellement de l'entretien : renforcer des pans de mur et surtout, suivre les toitures...

Les tuiles, on les lançait au maçon à mi-échelle, lequel les renvoyait à celui qui était sur le toit. On tirait les tuiles. Il fallait viser le nez pour ne pas manquer son coup !

Le maçon devenait aussi parfois charpentier ! Il taillait alors les poutres maîtresses à la hache...

Témoignage recueilli auprès de Michel MARCHIVE, décédé en octobre 2017.



Quelques anciens maçons de La Chapelle Gonaguet :
Michel MARCHIVE, Yvon GADEAUD, Abel GADEAUD



On tombait parfois : c'était le métier !
" J'ai eu de la chance : je ne suis tombé que six fois, sans jamais m'estropier vraiment !
On avait tellement l'habitude de travailler en hauteur qu'on n'y faisait plus attention.
On était trop sûrs de nous !"

M. MARCHIVE


Le métier, s'il fut apprécié par certains, usait les hommes : à 60 ans, c'étaient des vieux...

Quelques familles chapeloises de maçons :
  • les GERVAISE : Jean GERVAISE des Reyssoux, maçon en 1897 (il avait 46 ans à l'époque)
    Mais tous les GERVAISE n'étaient pas maçons : Benjamin GERVAISE, 29 ans, était cultivateur aux Reyssoux, en 1875...
  • les GADEAUD
  • les COURNIAC
  • les MARCHIVE (père et fils) qui travaillaient avec Roger DUTEIL

  • Aux Jalajoux, Jean LAGRANGE, 40 ans, était maçon en 1875...
Léon GERVAISE avec Mr COURNIAC sur un chantier à Milhac d'Auberoche
Henri MARCHIVE
Roger DUTEIL

Il y avait aussi NARDOUX, autour des années 30, que l'on ramassait souvent saoûl dans quelque fossé et qui était présenté comme le croque-mitaine des petits enfants chapelois...
Quand ils n'étaient pas sages, il n'était pas rare qu'on leur dise : "Si Nardoux t'attrape, tu vas voir !..."


Louis COURNIAC, quant à lui, était spécialisé dans la taille des croix du cimetière...


Manuel GALLEGO, maçon à la Chapelle de 1962 à 1998
et son fils, Sébastien GALLEGO qui lui a succédé...
      

       Et enfin notre maçon solitaire
alias "l'homme au cigare",
j'ai nommé Pierre AUBERON,
autre excellent ouvrier de notre village...







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