Le Docteur ROUSSEAU était un homme modeste, généreux et tolérant.
Il savait user de "la magie du verbe".
Son intelligence cartésienne et son humanisme lui ont permis d'accomplir, avec le plus grand
succès, les tâches qui lui ont été confiées.
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Après son action dans la résistance et sa démobilisation de la 2ème Division blindée, il s'est
installé à Périgueux comme médecin généraliste. À ses yeux, le Général de
Gaulle représentait le libérateur de la patrie ; il avait donc pour lui une grande
reconnaissance.
Et c'est tout naturellement qu'il a adhéré au RPF, le Rassemblement du
Peuple Français, créé par de Gaulle en 1947, et non par ambition
personnelle. Il a rejoint le RPF après la démission de M. Lucien BARRIÈRE
qui avait lancé le mouvement en Dordogne en 1947, lors de l'élection municipale
à Périgueux. Il a été nommé délégué départemental sur proposition de M.
Pierre JUILLET, délégué régional du RPF.
Il a organisé cette formation politique avec l'aide de quelques amis (POINET, CALEY,
VENTENAT, CORDIER... ) et a recherché d'éventuels adhérents dans les chefs-lieux de canton
et dans les communes.
Le Président national du RPF était alors Louis TERRENOIRE qui fut remplacé par Jacques
SOUSTELLE.
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Le mouvement éditait une petite feuille nationale. Sur le plan local, le journal
"La Dordogne Libre", dirigé à l'époque par M. BOUSQUET et M. BABAYON
qui était très gaulliste, a beaucoup aidé à la diffusion de leurs idées.
À la veille de 1958, il y avait environ 300 adhérents.
Avant les élections cantonales de mars 1958, alors que le Général de Gaulle était
quasi abandonné des Français et s'était retiré à Colombey, le Dr ROUSSEAU avait
maintenu l'essentiel du RPF en Dordogne : une petite permanence place de
la nouvelle halle à Périgueux dont il payait le loyer de sa poche et la
poursuite de petites réunions à Périgueux et dans le canton. Mais, honnêtement, il ne
savait pas trop où aller...
Le mouvement Gaulliste a pris son essor en 1958 avec la désaffection de la population
pour la 4ème République, totalement discréditée par les chutes répétées de ministères.
L'élection du Dr ROUSSEAU comme Conseiller Général de Périgueux a été provoqué
par le désaveu des électeurs face à la gabegie de la 4ème République et son incapacité
à gouverner.
Le Dr ROUSSEAU rejoignit l'UNR (Union pour la Nouvelle
République) qui a été créé en 1958 et qui regroupait le Centre National des
Républicains Sociaux, l'Union pour le Renouveau Français et la Convention
Républicaine. Roger FREY en était le secrétaire général.
En 1959, il est élu Sénateur de la Communauté par le Conseil supérieur des
Français établis de l'étranger après avoir été désigné par son groupe politique, l'UNR.
Les Sénateurs de la Communauté représentaient les Français établis hors de nos frontières.
Mais dès 1960, les pays africains se prononcèrent pour leur indépendance et le Sénat
de la Communauté a alors cessé d'exister.
En 1960, après l'exclusion des émeutiers d'Alger que soutenait le
Dr ROUSSEAU, celui-ci démissionne de l'UNR. Il était aussi en désaccord sur le plan
social et sur la politique de force de frappe et estimait devoir quitter le mouvement.
La direction de l'UNR a prétendu qu'il en avait été exclu, ce qui absolument faux. D'ailleurs,
quelques jours après sa démission, Michel DEBRÉ a envoyé Roger FREY pour
lui demander de revenir sur sa décision, ce qu'il refusa. En 1960, il ne croyait plus
en l'UNR qui est devenu "un parti comme les autres" et qui a ensuite évolué vers le RPR.
Sa vision politique ne correspondait plus à son tempérament ni à
ses idées... Il est vrai que s'il était resté à l'UNR, la voie d'une carrière politique lui
était ouverte mais il aurait alors foulé aux pieds ses idées notamment sur le plan de la
démocratie.
Mais il garda un grand respect pour le Général de GAULLE qui est resté, dans son esprit,
le libérateur de la patrie, même s'il a commis sur le plan économique des erreurs qui
conduisirent aux bouleversements de mai 68.
Quoiqu'il en soit, il se présente aux Législatives de 1962 (Radical de droite).
Quelques amis Gaullistes le soutiennent...
Il a, en face de lui, Yves GUÉNA qui se réclamait du Général de GAULLE.
Au 1er tour, il est soutenu par Georges BONNET, Radical lui aussi...
Le communiste PÉRON est en tête avec 14 074 voix, GUÉNA arrive en
seconde position avec 12 764 voix, le Dr ROUSSEAU obtient 9 830 voix. Le quatrième
candidat, le socialiste CAILLE, a réuni 6 503 voix et souhaite se désister en faveur
du Dr ROUSSEAU, ce qui lui aurait assuré la victoire dans la triangulaire PÉRON/
GUÉNA/ROUSSEAU. Mais voilà...
Le Député de Nontron, Maire de Brantôme et ancien ministre des Finances Georges
BONNET a besoin de l'appui de GUÉNA pour sauver sa propre élection sur
Nontron et refuse l'accord de désistement proposé par CAILLE. Le Dr
ROUSSEAU se retire donc au deuxième tour ce qui ne l'empêche pas de récolter 1 021 voix en
ce second tour des Législatives !
Sa vie politique aura basculé, irrémédiablement, en ce printemps 62...
Il tentera encore de se présenter aux élections Législatives en 1967. Il avait obtenu
l'investiture du Parti Radical Socialiste et celle de la Fédération de la Gauche
Démocratique Socialiste. Avec son suppléant, Roger ROUDIER, ils ont respecté
l'accord conclu entre la FGDS et le Parti Communiste en se retirant...
Le Dr ROUSSEAU était un homme énergique qui a mainte fois su infléchir le cours des choses...
Ainsi, en 1960, s'inscrit-il en faux contre le Parlement qui n'avait pas retenu
Périgueux dans sa dotation de piscines couvertes pour le Sud-Ouest. C'est auprès de
Maurice HERZORG, Haut Commissaire à la jeunesse et aux sports, qu'il intervint et
obtint le projet de piscine de Périgueux, laquelle fut inaugurée le
28 janvier 1967.
Le Dr ROUSSEAU est aussi à l'origine de la maison de retraite et de logements foyers
pour vieillards, de l'élargissement du pont de la Cité de l'aménagement du virage du
pont du Toulon, de l'achat de la salle du Toulon par la mairie de Périgueux
aux responsables militaires américains de Châteauroux, de la réalisation de l'école
normale d'instituteurs, de l'implantation du lycée agricole à Coulounieix, de la
création d'une section d'enfants débiles profonds à Vauclaire, de l'aménagement de la
passerelle de Marsac sur l'Isle...
Et c'est en 1971 que quelques Chapelois viendront lui demander de devenir le Maire de
La Chapelle Gonaguet, ce qu'il acceptera, assumant ses responsabilités jusqu'à sa mort,
le 11 avril 1993.
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