Le 17 mai 2009, Jean-Louis LEVEQUE, Président de l’association
Novelum ("Renouveau") -section
périgorde de l’Institut d’Etudes Occitanes-, donnait, dans la salle du Foyer rural de la Chapelle Gonaguet,
une conférence autour de la toponymie en général et de l'origine du nom de notre village et de celui de quelques
lieux-dits chapelois en particulier.
La toponymie, branche de la linguistique, est la science de l'étude et de la restitution des noms de lieux.
Le Périgord est une terre occitane : 90% des lieux ont une étymologie, origine et forme, occitane,
francisée à l'oral comme à l'écrit.
Les noms de lieux sont très souvent liés à l'un des cinq types suivants :
|
des configurations géographiques (hauteur, profondeur, source, roche...),
un constat végétal,
des noms de personnes,
une activité humaine,
ou un autre lieu.
|
L'origine d'un nom peut remonter aux pré-celtes (avant 1000 av JC). Pratiquement tous les cours d'eau, en
Dordogne, ont une origine pré-celtique.
Un nom peut remonter aux gaulois (de 1000 av JC à 50 av JC).
Il peut remonter à la période gallo-romaine (de 50 av JC à 420 environ).
Il peut trouver son origine chez les Visigoths (entre 420 et 750).
Il peut, enfin, être d'origine occitane.
On voit sur cette carte que les deux tiers nord de la Dordogne sont en territoire Limousin :
À La Chapelle Gonaguet, on parlait l'occitan limousin.
Cependant, le Périgord étant terre de rencontre du Limousin et du Languedoc,
comme on dit, "il y a autant de patois que de cantons"...
|
|
On se souvient : Au XIIème siècle : Eculesia d'Agonaguet ; "guet" est un diminutif signifiant "petit".
Vers 1199 : Capela d'Agonaguet. (Ce qui indiquerait que notre église aurait été bâtie à la fin du
XIIème siècle).
Cela se prononçait "lo chopello d'égounaguet".
Et en 1380 : Gonaguetam, le préfixe "A" ayant disparu.
Sur le plan cadastral de 1808 : Gounaguet, le "ou" étant la francisation du "o" occitan qui se prononce "ou".
Une chapelle, à l'origine, est un lieu où l'on gardait et vénérait des reliques sacrées.
C'est devenu, par la suite, un lieu de culte privatif.
La dénomination "La Chapelle" n'a donc rien à voir avec une église paroissiale ou de village.
De toutes ces réflexions, il ressort que Gonaguet aurait pour origine un autre lieu, Agonac, et
signifierait "le petit Agonac".
Le nom de notre village signifiant : "la chapelle du petit Agonac"...
Le château d'Agonac (village situé à une douzaine de km du nôtre) a été construit en 980 par l'Évêque Frotaire,
évêque de Périgueux, pour défendre cette ville contre les Normands.
Agonac est un nom issu de la strate gallo-romaine où l'on avait l'habitude de nommer un lieu à partir du nom de son
propriétaire auquel on ajoutait le suffixe "acos", vieux suffixe gaulois, devenu par la suite "acum" et qui signifie
"le domaine de".
Agonac (ou Agoniac) vient de Acounius et a donné Acouniacum puis Agonac.
Le "ac" d'Aquitaine correspond au "y" au nord de la France ou au "è" de l'ouest.
Hypothèse : le seigneur d'Agonac aurait pu donner, par testament, la promesse de construire une chapelle en cet
endroit où il venait...
Il est alors possible que le nom du ruisseau, le Got, ait été donné par référence au gué qui permettait de le
traverser, sans que cela ait de rapport avec "Gonaguet" comme on l'a cru...
|
mise à jour : octobre 2012
Les indications ci-dessous, ainsi que les explications concernant l'origine du nom de notre commune, proviennent des
recherches que M. LÉVÊQUE a effectuées en 2009 et qu'il nous a restituées lors d'une balade toponymique et
d'une conférence le 17 mai 2009, au Foyer rural de La Chapelle Gonaguet.
La balade et la conférence avaient été organisées par l'association de randonnée "Agonapied".
L'association "@gonaweb" a pris le relais en 2011, engageant un travail de fond qui n'est pas terminé à ce jour et qui a abouti par
une restitution partielle de cette recherche menée à partir du témoignage oral des anciens du village et de l'étude de documents
écrits par l'association "Novelum", spécialisée dans ce genre d'étude.
C'était en mars 2012...
voir le compte-rendu en images !
Il est à noter que certaines hypothèses présentées sont pour l’heure provisoires, en attente du dépouillement des registres paroissiaux.
Voici ce que l'on peut dire à ce jour de l'origine des lieux-dits principaux de notre commune :
|
|
Forme occitane : la Bauchariá
Il s'agit du domaine de la famille Bauchier. Le lien avec les guerres de religions qui ont sévi dans le secteur n'est pas attesté.
Cependant, un doute subsiste sur l'origine de ce nom qui a été orthographié de façon différentes au cours des siècles (La Boscherie en 1654,
Les Boucheries (Cassini) etc.
|
|
|
Forme occitane : Blanchon
Il s'agit d'un nom de famille. La cadastre de 1808 donne la dénomination "chez Blanchou".
Au cours du XIXème siècle, on enlève le "chez".
En fait, il s'agit d'un surnom devenu nom de famille (peut-être donné à des personnes qui avaient le teint blanc...).
Il devrait être écrit Blanchoun, le "n" final ne se prononçant pas.
|
|
|
Forme occitane : Las Boijas
On trouve une première forme historique dans la carte de CASSINI*, avec un "s" à la place du "g" :
les Boises.
Ce nom est devenu les Boiges dès 1808 (plan Napoléon).
Il renvoie à un terme agricole occitan : une terre défrichée ou mise en friche.
|
|
|
Forme occitane : Las Boigetas
Forme diminutive des Boiges (terre défrichées ou mises en friche).
|
|
|
Forme occitane : Las Brunias
Il s'agit du domaine de la famille BRUN. On y a ajouté l'article "les" et un "ies" en suffixe, forme que
l'on retrouve fréquemment dès le XVIIIème siècle en Périgord.
|
|
|
Forme occitane : Lu Calhau
Pourrait trouver son origine dans une pierre de délimitation mais l'article demeure incertain...
|
|
|
Forme occitane : Champs Penduts
Il ne s'agit nullement de chats mais de champs en pente.
|
|
|
Forme occitane : Las Chaumas
Deux hypothèses :
|
soit des terres arides, landes (c'est la signification de chaumas en occitan),
soit un nom de famille correspondant.
|
|
|
|
Forme occitane : Los Cubelets
Sur la carte de CASSINI*, et jusqu'au cadastre actuel, on retrouve ce nom sans article et au singulier :
"le Cubeleix". "Les Cubelets" est une forme socialisée que l'on retrouve sur la carte IGN.
Ce nom vient probablement du surnom d'un nom de famille : cubei signifiant cuveau. "Le Cubelet" serait
le nom donné à quelqu'un faisant fonction de vigneron : le petit cuveau.
Cuveau serait le surnom correspondant à l'outil du métier de vigneron.
|
|
|
Forme occitane : En Vaure
Du nom occitan vaure qui signifie ravin...
|
|
|
Forme occitane : Fontanilha
Il s'agit d'une petite fontaine ou petite source. Une source, en effet, coule en cet endroit.
|
|
|
Forme occitane : Faitau
L'occitan faitau désignait le bois de hêtre.
|
|
|
Forme occitane : Las Forests
forest en occitan signifiait des forêts, des bois privatifs.
|
|
|
Forme occitane : Fromentin
Il s'agit du nom d'une personne, Fromentin.
Mais un doute subsiste : la finale de ce mot sans article est curieuse...
|
|
|
Forme occitane : ?
On trouve Fusillé (1808)...
Ce nom a-t-il pour origine celui d'une personne (Fuselier) ou a-t-il un lien avec quelque fusillé en cet endroit ?...
|
|
|
Forme occitane : La Galòcha
Peut-être lié au surnom de fabricant de chaussures (Galòcha)...
Peut-être encore, la nature du terrain (très argileuse) nécessitait-elle de porter des sabots...
[ voir aussi Le Pavillon ]
|
|
|
Forme occitane : Los Genests
Un endroit où poussait en abondance le genêt (genest en occitan).
|
|
|
Forme occitane : La Genebriera
Terre de genévriers (genebriera en occitan).
|
|
|
Forme occitane : Lu Ga
En occitan, ga est un passage à gué.
C'est là que prend sa source le petit ruisselet qui se jette dans l'Isle au Pas de l'Anglais.
Mais, en 1808, ce ruisseau est nommé "ruisseau de Lapacha" (La Passa en occitan ?).
|
|
|
Forme occitane : Las Granjas
Il s'agit d'un mot "transparent", c'est à dire qui a la même forme en français et en occitan.
Ce mot provient du bas-latin "granicum", le grain.
C'est donc un endroit où l'on entreposait du grain.
|
|
|
Forme occitane : Los Jalatjons
Des jalatjons, en occitan, sont des petits ajoncs.
Une seconde orgine serait possible : ce serait le diminutif du nom de famille Jalaja, c'est à dire Jallage.
|
|
|
Forme occitane : La Jarta
La jarta, en occitan, est un enclos cultivé ou une terre défrichée.
|
|
|
Forme occitane : Las Jartas
(même explication que précédemment, mais au pluriel)
|
|
|
Forme occitane : Corlosa
C'est une forme très rare (commençant par un "k").
Sur la carte Napoléon de 1808, ce nom n'apparaît pas et ce n'est pas étonnant : il n'y avait, en cet endroit, aucune
habitation.
Le "ouze" est la marque du féminin en occitan...
L'origine de ce nom de lieu, qui ne doit pas être très ancien, reste une énigme que seules des recherches dans les
actes notariés de la commune pourraient résoudre...
Une hypothèse cependant : peut-être la déformation de l'occitan cola roja, la colline rouge ?...
|
|
|
Forme occitane : Lu Lac Pesau
L'occitan lac signifie "mare" ou "trou d'eau".
Pesau étant probablement un nom de famille...
|
|
|
Forme occitane : La Landa / Las Landas
En occitan, landa (landas au pluriel) signifie une lande, une terre pauvre.
|
|
|
Forme occitane : L'Ancinada
la forêt de Lancinade, d'abord partagée entre l'abbaye de Chancelade et la commanderie d'Andrivaux,
appartenait tout entière à l'abbaye en 1775.
L'origine de ce nom reste obscur...
|
|
|
Forme occitane : Maison Nuòva
Ce serait, effectivement, le lieu d'une maison nouvellement bâtie...
|
|
|
Forme occitane : Maladent
Probablement Mala Dent, surnom signifiant littéralement mauvaise dent...
Autre hypothèse : Mas l'Adam...
|
|
|
Forme occitane : Merlanda
Probablement une contraction de l'occitan Mala Landa, la mauvaise lande...
|
|
|
Forme occitane : Patreu
"Patraux" ou "Patreaux" au XVIIIème siècle. L'orthographe "aud" est fantaisiste.
On trouve le "d" final sur la carte de 1808 et au cadastre actuel.
Il s'agit d'un nom de famille mais qui n'existait pas en Périgord.
Par contre, le surnom correspondant existe dans notre région :"Patrel" : petit pâtre (berger).
Il s'agirait donc d'un nom d'importation datant d'avant le XVIIIème siècle et qui aurait été celui d'une famille Patreu venue
s'installer là...
Mais l'hypothèse n'est pas garantie.
|
|
|
Forme occitane : Lu Pavilhon
Ancien pavillon de chasse de l'évêché de Périgueux, cité comme un repaire noble dès 1677.
En ce lieu ou tout proche, un site gallo-romain aurait existé, ce qui a été confirmé par le Service régional de l'archéologie.
Il est à noter que ce site se trouverait à quelques centaines de mètres de l'intersection de deux anciennes voies : la Voie Napoléon
rejoignant Périgueux et une voie qui se dirigerait vers les Charentes.
Cette intersection aurait pu se situer au lieu-dit La Galoche qui aurait pu être un relai de chevaux)...
|
|
|
Forme occitane : Pelapòrc
Pelapòrc serait le surnom de charcutier. Il s'agit donc du nom d'une personne qui a été donné à ce lieu.
|
|
|
Forme occitane : Las Plaças
En occitan, plaças indique des lieux destinés à être construits.
Au XVIème siècle, Les Places étaient aussi dénommées "ancien Puy de la Croix". En ce lieu le plus élevé du village, y a-t-il eu
une croix située à l'intersection des deux voies dont on parlait plus haut ?...
|
|
|
Forme occitane : Porchiera
De l'occitan porchiera, élevage de porcs ou nom de personne correspondant...
|
|
|
Forme occitane : Lu Puei de Merlanda
De l'occitan puei qui signifie "colline". C'est donc la colline de Merlande.
|
|
|
Forme occitane : Puei Auriòu
De l'occitan puei signifiant "colline", comme précédemment. Auriòu étant le nom d'une personne.
|
|
|
Forme occitane : Los Raissons
Une raissa est une terre sèche.
L'occitan raissons est un diminutif pluriel de raisse qui signifie à pic.
Deux hypothèses donc...
|
|
|
Forme occitane : Secha Vau
La surprise est totale : point de chevaux dans l'origine de ce nom !
Ce lieu était habité en 1808. Son nom ne comporte alors pas d'article mais est séparé en deux mots.
Il s'agit de la francisation fantaisiste de son nom d'origine : "Sèche Vaux", la vallée sèche !
C'est en faisant son enquête sur le terrain que l'on a transcrit ce que l'on a entendu dire, en occitan, des habitants du lieu.
D'où la confusion qui s'est incrite aujourd'hui dans la géographie locale.
Il faut noter que cette origine remonte à l'époque gallo-romaine, origine repérable à l'absence d'article et au fait que
l'adjectif "sèche" précède le nom "vaux".
|
|
|
Forme occitane : Lu Sejalar
En nord-occitan, sejalar signifie champ de seigle.
|
|
|
Forme occitane : Lu Cròs de la Ròda
Le trou de la roue, une dépression de forme arrondie.
|
|
|
Forme occitane : la Teuliera
En occitan, teuliera est une fabrique de tuiles.
Il y aura, en ce lieu, une fabrique de tuiles jusqu'en 1914.
|
Les Basses/Hautes Vérinas (Veyrinas)
|
|
|
Forme occitane : Las Veirinas Bassas/Nautas
En occitan, veirinas est une verrerie, un atelier de verrier.
|
|
|
Forme occitane : Los Viradís
En occitan, viradís, ce sont des virages, des courbes.
|
* CASSINI : La carte de Cassini ou carte de l'Académie est la première carte générale du royaume de France.
Il serait plus approprié de parler de carte des Cassini, car elle fut dressée par la famille Cassini, principalement
César-François Cassini (Cassini III) et son fils Jean-Dominique Cassini (Cassini IV) au XVIIIe siècle.
Nota : voir aussi les paysages de notre commune.
Voir aussi
la toponymie occitane de La Chapelle Gonaguet (document d'étape)
|
|
|