Succulent se révèle
le terroir
où fleurit l'asphodèle
au coeur noir

Un fort goût de terroir
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"Combien j'ai douce souvenance
du bonheur goûté dans ma prime enfance
quand je trônais sur les genoux
de ma chère Doudou
sans réserve à moi dévouée.
Elle fredonnait une mélopée
en nous balançant, brassant l'air,
à l'aise au creux d'un rocking-chair.

Illuminaient son noir visage
ses yeux brillants, ses blanches dents ;
un beau madras à fins ramages
la coiffait, noué joliment.

Elle m'appelait "ti mamm'selle",
d'Ylang-Ylang se parfumait,
sentait si bon, était si belle,
ah ! comme je l'aimais !

Emplissait bientôt nos yeux de son sable,
le marchand de la fable,
nous rêvions de concert,
tout était pour le mieux au sein de l'univers.

Bien que ce ne fut là qu'un éphémère
coin de ciel sur la terre,
Il reste encore un don du sort,
où puiser quelque réconfort,
face à toutes les discordances
qui conditionnent l'existence.
Merci, Doudou, de tout ce temps vécu
où nos cœurs, l'un contre l'autre ont battu.







C'est, en somme, l'amant en titre de la terre.
Il l'étreint, l'entretient, se penche sur son corps
dénudé qu'il revêt de fleurs, de moissons d'or ;
il œuvre sans savoir quel sera son salaire.

Sans jamais se lasser, depuis des millénaires,
il fait naître la vie, en échec à la mort.
Avec le plan divin, il est en plein accord,
qui voulait la nature et l'homme solidaires.

Fort de sa mission, il n'a rien pollué
en son jardin d'éden et s'est évertué
à ne point trahir la condition humaine.

Il n'est pas emmuré dans le confort, traqué
par tant de médias, le stress, tel un drogué ;
rien ne masque le ciel, au-dessus de ses plaines.






Il fut de ses chemins la Parque inexorable,
Car sa faux frappait ras, mais surtout fréquemment,
L'herbe folle affluant sur chaque accotement ;
De leur bonne tenue, il se sentait comptable.

Aucun déchet qui fasse un effet déplorable
Ne traînait nulle part ; au moindre encombrement
Il intervenait vite, ayant l'œil constamment
Ouvert sur son secteur toujours irréprochable.

Dehors, par tous les temps, il colmatait les trous,
Répandait du gravier, concassait des cailloux,
Curait les caniveaux, aplanissait l'ornière.

Oeuvrer à ciel ouvert trouva son plein accord
Quand, jeune adolescent, il choisit sa carrière
Et voua son effort aux passants de tout bord.






C'est l'heure où l'on s'assied sous la lampe allumée,
Tous les devoirs remplis et la tâche assumée,
Libre de s'évader dans l'espace et le temps,
Et de lâcher la bride à ses rêves latents.

C'est l'heure où, de l'oubli, remonte à la surface
Un grand amour perdu mais encore vivace
Parce qu'on est, dès lors, demeuré sur sa faim
Et qu'on la trompe avec quelque insipide pain.

C'est l'heure où l'on se sent en grâce avec soi-même ;
Or ce vague avant-goût d'un bien-être suprême
Fait renaître en l'esprit l'espoir universel
D'un ciel pour les élus, d'un bonheur éternel.






Quand on n'a plus le goût de voir au ciel éclore
Les roses tango de l'aurore ;

Quand l'appel du coucou prônant le renouveau
N'émeut guère plus qu'un pipeau ;

Quand la maison natale, en des mains étrangères,
Ne nous offre plus ses repères ;

Quand nos amis sont tous partis vers d'autres bords,
Et que nos êtres chers sont morts ;

Quand l'amour a tari, tel l'oued sous le sable
Qu'apporte un vent défavorable ;

Quand le cœur en sursis, maintes fois déchiré,
Se débat, comme chaviré ;

Quand les membres raidis par l'âge et les sévices
Se dérobent à leurs services ;

Il faut néanmoins croire au sens de son destin,
Suivre, impavide, son chemin.








S'il me fallait tout recommencer
je suivrais le même itinéraire,
chevaucherais les mêmes chimères,
continuerais de tout romancer

et de rêver pour me distancer
du quotidien utilitaire,
sans pouvoir tout à fait m'y soustraire
sous peine de vite trépasser.

Ce qui laisserait donc à penser
que le destin tient au caractère
au moins autant qu'à l'arbitraire
qui pourrait d'avance le tracer.






Finalement, ce qui, tout au long de ma vie,
aura vraiment compté c'est d'avoir partagé,
un temps plus ou moins long, l'amour, la sympathie
ou l'amitié d'un être et d'avoir engagé,
ce faisant chaque fois, le meilleur de moi-même.
C'était comme une source affleurant au désert,
la pâque inespérée offerte en plein carême,
succédant au pain sec la grâce d'un dessert.

Qu'il fait bon retrouver, jalonnant la mémoire,
ces chaudes oasis, ces plages de répit
en leur douce lumière, ah ! surtout par nuit noire
quand, tous espoirs éteints, on se croirait maudit.
De notre attachement pour toute créature
naît un bonheur ; le reste est divertissement,
course au profit ou dur labeur qui défigure
l'humain sevré d'un plus tendre investissement.







Par ailleurs, un site entièrement consacré à l'activité d'édition de l'atelier est désormais consultable sur :
www.decal-age-productions.com

Ouvrage autoédité de Suzanne Charvet
Le temps d'un éclair

"Face à l'éternel infini des choses,
l'homme ne vit que le temps d'un éclair,
mais il s'applique à tout tirer au clair
[...]
Chacun répandant son rai de lumière
aide à découvrir la planète entière."

(novembre 2005)
Le dernier ouvrage, édité par Louis PETRIAC
Sa grâce le chat

"Tendres, émouvants sont ces poèmes dédiés à Sa grâce le chat au sujet duquel règne encore tant de mystère.
Ces êtres seraient-ils exclus du céleste Eden alors que dans la lointaine Égypte des pharaons on les considérait comme des demi-dieux ?"

(décembre 2007)

Suzanne JARRE, née CHARVET, est décédée au soir du 11 septembre 2008,dans sa 99ème année...
Retirée aux basses Veyrinas, son lieu de recueillement comme elle disait,
ses dernières années furent un incessant questionnement sur le sens de l'homme, de la souffrance, du mal, de Dieu...
Ainsi ce poème, tiré de son ouvrage "Le temps d'un éclair" :



Pourvu que l'au-delà
vaille mieux qu'ici-bas,
sinon à quoi bon sert de naître
disparaître et renaître,
de quel nouvel aspect doté,
pour une éternité
qui risque d'être monotone,
contemplative, atone.

En attendant, buvons le vin ;
tout au long du chemin,
chantons, cueillons la moindre rose
offerte, à peine éclose.
Que toujours notre dignité
vainque l'adversité.
C'est la grandeur humaine
de savoir supporter ses chaînes.



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