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Le château des Brunies où "vécut" Victor HUGO avant d'en faire le repaire de son héros, Jean Valjean.

Une vie aux Brunies, près de Périgueux
- texte de Guy PENAUD -

Guy Penaud est un ancien commissaire de police et un historien français né le 6 février 1943 à Pau (Pyrénées-Atlantiques),
qui a publié de nombreux livres et articles depuis 1974.


         Ainsi, c’est donc bien dans les environs de Périgueux, aux Brunies, canton de La-Chapelle-Gonaguet que passa Jean Valjean.
         Situé à une demi-lieue au Sud-Est du bourg de La Chapelle Gonaguet, dominant un vallon où coule un ruisselet, le Got, qui a donné son nom à cette commune*, se trouve le lieu-dit des Brunies.
Ici est planté le repaire noble du même nom. Il présente un logis du XVIIe siècle. À l’origine, cette bâtisse qui n’aurait été primitivement qu’une dépendance des Templiers installés aux Andrivaux, ne comprenait qu’un rez-de-chaussée. Le premier étage a été édifié au XVIIIe siècle. Fief d’Alesmes, il est passé successivement entre les mains des Brout, des Basbayon, des Pinoteau des de Rivassou. Depuis 1957, il est la propriété des Monzies.
         On sait que Victor Hugo est passé en Périgord les 4 et 5 septembre 1843 et qu’il a laissé dans cette circonstance une description de Périgueux. Quand à son chef d’œuvre, "Les Misérables", il fut publié à partir de 1862 (pour la première partie "Fantine"). Dès lors, on aurait pu penser que ce fut lors de son passage en 1843, qu’il entendit parler pour la première fois des Brunies et de La Chapelle Gonaguet. Il n’en est rien, puisque l’on sait que l’écrivain se contenta de visiter, cette année-là, la capitale du Périgord, "une ville rousse"… "véritable amas de pignons et de tourelles, un de ces labyrinthes de toits aigus où apparaît dans toute sa fantaisie le génie fantasque et riche du XVIe siècle".

* Depuis la rédaction de ce texte, suite aux recherches de toponymie menées sur la commune par l'association Agonaweb, on sait que le nom de la commune n'est pas en lien avec le ruisselet du Got (lequel se nommait "Lapacha") mais avec le village d'Agonac situé à une douzaine de km de là et dont la chapelle de l'époque était une dépendance.
→ voir toponymie du village



         Dés lors, dans quelles circonstances Victor HUGO fut-il amené à s’intéresser au château des Brunies ?
Nous avons vu que l’une des familles qui fut propriétaires de cette demeure était au début du siècle, les Pinoteau. Parmi les membres de cette famille figure Pierre Armand PINOTEAU (1769-1834), qui fut nommé général d’Empire le 5 août 1810 et officier de la Légion d’honneur le 12 mars 1814. Il possédait effectivement les Brunies. Ce Pinoteau avait pour frère d’armes un certain général HUGO, non pas Joseph Léopold Sigisbert HUGO (1773-1828), père de l’écrivain, mais le frère de ce dernier, Louis Joseph HUGO (1777-1853).

Son père, "ce héros au sourire si doux"

Victor HUGO ne fut pas élevé par son père, mais par sa mère, née Sophie TRÉBUCHET. En effet, des 1803, les relations entre le père et la mère de l’écrivain étaient devenues tellement tendues – du fait de leur infidélité respective – qu’ils divorceront avec fracas quelques années plus tard. La garde des enfants HUGO fut confiée à la mère, et c’est elle qui se chargea de leur éducation.
Si Victor Hugo vécut peu auprès du "Héros au sourire si doux", ainsi qu’il a décrit dans l’un de ses poèmes, il fréquenta beaucoup plus son oncle, l’autre général de la famille HUGO, Louis Joseph.
Est-ce en sa compagnie qu’il est venu dans sa jeunesse, à La Chapelle Gonaguet, rendre visite au vieux général PINOTEAU ?
Il faut savoir que l’oncle Louis-Joseph, après une carrière militaire bien remplie, s’était retiré, la retraite venue (1815) en Corrèze où il fut d’ailleurs nommé, en 1820, membre du conseil de recrutement. Les relations privilégiées entre les familles HUGO et PINOTEAU se poursuivront jusqu’au décès du général Pierre Armand PINOTEAU, survenu le 24 mars 1834.



         Ainsi en 1831-1832 ce fut le propre frère de Victor HUGO, Abel HUGO (1798-1855), ancien page du roi Joseph d’Espagne, puis littérateur qui trouva refuge quelque temps à La Chapelle Gonaguet.
C’est ainsi, comme il avait coutume de le faire dans ses romans, que Victor Hugo s’inspira d’un lieu découvert par lui quelques années auparavant en l’occurrence les Brunies à La Chapelle Gonaguet, pour en faire l’une des étapes de la folle course de Jean Valjean, de sa geôle vers Paris, où il allait au devant de son destin.

Guy PENAUD


Armes de la famille Pinoteau


Ultime testament de Victor Hugo (daté du mois d'août 1883, deux ans avant sa mort)