La Grande Ourse
à son zénith !
Et oui, la constellation de la Grande Ourse (Ursa Major) ne se trouve pas au nord mais
bien au-dessus de votre tête à cette époque de l'année (fin mars, début avril). Occasion de l'observer d'un peu plus près et
de se rendre compte qu'elle est bien plus étendue que "la Grande Casserole" qu'on a l'habitude de lui associer...
En effet, la Grande Ourse (Ursa Major) qui est une des constellations les plus connues du ciel boréal,
comprend dix-neuf étoiles plus brillantes que la magnitude 4
(voir explication ici).
Les sept étoiles principales, connues sous
le nom de la Grande Casserole ou encore du Chariot de David,
forment, ce qu'on appelle, un astérisme.
Au Royaume-Uni, on l'appelle the Plough (la charrue), aux États-Unis d'Amérique, the Big Dipper
(la grande cuillère), en Scandinavie, Karlavagen (le wagon de Charles, probablement Charlemagne) et
dans l'astronomie hindoue, Sapta Rishi (les sept sages).
La constellation classique,
qu'on appelle "la Grande Casserole",
astérisme connu...
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la constellation réelle, bien plus étendue...
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La Grande Ourse est circumpolaire à nos latitudes : de la France, elle est visible tout au long
de l'année, quelle que soit l'heure ou la saison, tout comme la constellation de
Cassiopée, de Céphée, du Dragon ou de la Petite Ourse, bien sûr.
Toutes ces constellations semblent tourner autour d'une étoile centrale, Polaris ou l'Étoile Polaire...
Les deux étoiles, Merak et Dubhe, se trouvant dans la Casserole sont appelées les "Pointeurs",
car la ligne qui les relie pointe vers Polaris.
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Noms des étoiles principales de la Grande Ourse
La bien nommée Grande Ourse
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L'étoile du milieu de "la queue" de l'Ourse est particulière. Regardez-la attentivement... Vous allez bientôt discerner,
non pas une, mais deux étoiles !
Il s'agit de Mizar, la plus brillante, et de son compagnon Alcor. Les distinguer à l'il nu
était d'ailleurs un défi traditionnel d'acuité de vision dans plusieurs cultures.
Mais il ne s'agit que d'un double visuelle, et non d'un vrai système d'étoiles doubles tournant
l'une autour de l'autre, comme il en existe des quantités dans l'univers. Non, ces deux étoiles sont très éloignées
l'une de l'autre mais situées presque dans le même axe, d'où l'illusion d'optique...
Mizar (sans Alcor) est, elle, un système stellaire complexe de quatre étoiles : deux couples
d'étoiles (l'un orbitant en 20,5 jours, l'autre en 180 jours) tournent l'un autour de l'autre. Elle tient
une place de tout premier rang dans l'histoire des étoiles doubles : Mizar avec son cavalier Alcor
est une étoile double visuelle connue depuis des temps immémoriaux, c'est la première double télescopique
(Mizar A et B, découverte par Giovanni Riccioli
en 1650), la première double photographiée (par G. P. Bond en 1857).
Remarquez aussi, à la base des trois pattes de l'Ourse, ses trois griffes, chacune formée de deux étoiles...
En automne, ces trois "griffes" se trouvent juste à l'horizon. On dit qu'elles griffent la terre et la font saigner.
Ce qui explique...la couleur rouge que prennent les feuilles en cette saison !
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Saurez-vous reconnaître la constellation de la Grande Ourse, avec ses pattes et ses griffes ?
La légende de la Grande Ourse se confond avec le triste destin de la nymphe Callisto.
Dans la mythologie grecque, Callisto (en grec ancien « la plus belle ») est une nymphe d'une très grande
beauté. Son ascendance est incertaine, et certaines versions en font la fille de Lycaon (roi d'Arcadie)
ou de Nyctée (fils de Poséidon). Elle était l'une des suivantes d'Artémis (déesse de la chasse),
qui avait exigé d'elle qu'elle fasse
vu de chasteté.
Zeus, maître des dieux et père d'Artémis, s'éprit d'elle et, comme il le faisait souvent pour
mener à bien ses conquêtes féminines, il inventa une ruse pour la séduire. Un jour que la jeune nymphe était
étendue sous un arbre, il s'approcha d'elle déguisé en Artémis. Callisto ne se méfia pas et...se
retrouva enceinte !
Elle chercha à cacher son état à Artémis, qui ne supporterait pas, de la part d'une de ses suivantes,
cette infraction aux règles de la chasteté. Mais un jour que Callisto se baignait dans la rivière,
la déesse la surprit et découvrit la vérité.
Artémis entra alors dans une violente colère et la menaça de ses flèches redoutables, insensible au fait
que Zeus pût être le principal coupable.
Celui-ci, inquiet pour la nymphe et l'enfant qu'elle portait,
la transforma en ourse et la cacha dans la montagne.
Plus tard, Artémis, lors d'une de ses longues courses, aperçut l'ourse et lui décocha une flèche.
Callisto mourut et Hermès, dépêché par Zeus, recueillit son enfant, un garçon nommé
Arcas.
Zeus, ému par le sort de la nymphe, la transforma en la constellation de la Grande Ourse.
Arcas rejoignit plus tard sa mère sous les traits de la Petite Ourse.
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Héra, femme de Zeus et jalouse de toutes les conquêtes de son divin mari,
alla persuader le dieu de la mer, Poséidon, de ne pas recevoir en son sein l'Ourse Callisto.
Depuis, la Grande Ourse tourne autour du pôle sans jamais pouvoir se coucher dans les eaux de l'océan...
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Ursa Major est l'une des plus anciennes constellations répertoriées par Ptolémée (env. 140 après J.-C.).
Elle contient un groupe de galaxies appartenant au Superamas Local.
La Voie lactée fait partie d’un groupe de galaxies qui se nomme le Groupe Local ; on y dénombre plus
de 35 galaxies.
La galaxie d’Andromède, qui peut être visible dans le ciel à
l’il nu, en est le membre le plus grand. Les autres galaxies du groupe, comme le Grand et le
Petit Nuage de Magellan, sont en général plus petites que la Voie Lactée.
Le Groupe Local fait lui-même partie d’un superamas de galaxies, le Superamas Local. Le Superamas Local
contient des douzaines de petits amas de galaxies comme le Groupe Local. Tout le Superamas Local est centré
sur l’amas de galaxies géant de la Vierge, situé à 50 millions d’années-lumière de la Voie Lactée.
L’amas de la Vierge possède en son centre une super galaxie « cannibale », appelée M87, qui attire et
absorbe ses galaxies voisines.
Les superamas de galaxies sont eux-mêmes regroupés en de longs filaments qui s’étirent sur des centaines
de millions d’années-lumière. Ils sont séparés les uns des autres par d’immenses vides dans lesquels on
ne trouve que très peu de galaxies. Les dimensions de ces vides sont gigantesques : elles sont de l’ordre
de 100 millions d’années-lumière.
L’Univers se prolonge de la sorte jusqu’à au moins 13 milliards d’années-lumière. Au-delà de cette distance,
nous ne pouvons observer directement ce qu’il y a.
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Voici quelques "objets" situées dans l'axe de la constellation de la Grande Ourse.
Il s'agit essentiellement de galaxies : M81 et M82, M101, M108, M109...
J'ai rajouté la nébuleuse planétaire du Hibou, M97...
La lettre M vient de l'astronome Charles MESSIER qui vécut au XVIIIème siècle et
répertoria un grand nombre d'objets célestes.
M81 (ci-dessous, à droite) est une galaxie située dans la constellation de la Grande Ourse facile à
observer pour les amateurs. Elle fut découverte par Johann Elert Bode en 1774, puis indépendamment par
Pierre Méchain en 1779 qui le signala à son ami Charles Messier.
M81 est une galaxie spirale-barrée d'un diamètre relativement modeste de 60 000 années-lumière.
En 1993, l'observation d'une trentaine de céphéides par le télescope Hubble a permis d'estimer la distance
de la galaxie à 11 millions d'années-lumière, ce qui en fait l'une des plus proches de la nôtre. La première
supernova dans cette galaxie fut observée en 1993.
Dans des conditions d'observations exceptionnelles, M81 peut être vue sans instruments. Cela en fait l'objet
astronomique le plus lointain visible à l'il nu.
Trouver M81 peut permettre de repérer M82, toute proche.
M82 (à gauche) est une galaxie de forme irrégulière également appelée
galaxie du Cigare, et qui fut également découverte par Bode en 1774.
M 82 forme avec M81 une paire physique tout à fait remarquable. Ces deux galaxies sont en interaction
gravitationnelle en permanence et sont probablement passées à proximité l'une de l'autre il y a quelque
dix millions d'années...
M81 et M82 ne font pas partie de notre Groupe Local.
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M101 est une galaxie spirale située dans la Grande Ourse et distante de 23 millions d'années-lumière.
M101 est vue exactement du dessus, mais ses bras spiraux ne sont visibles qu'avec de grands télescopes.
Le diamètre de la galaxie est comparable à la nôtre (70 000 années-lumière).
Elle fut découverte en 1781 par Charles Messier et Pierre Méchain. Depuis
le début du XXe siècle, on a découvert pas moins de trois supernovae dans cette galaxie.
L'observation, en 1994-95, de céphéides situées dans la galaxie par le télescope Hubble a permis d'établir
précisément la distance de M101 à 23 millions d'années-lumière.
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M108 est une galaxie spirale découverte en 1781.
Depuis la Terre, elle est vue presque par la tranche, et donc avec une
forme très fine et très allongée, et semble ne posséder ni bulbe ni noyau. Située à environ 45 millions
d'années-lumière du système solaire, elle s'en éloigne à la vitesse de 772 km/s.
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M109 est une galaxie spirale barrée également découverte en 1781. On crut tout d'abord avoir affaire
avec une nébuleuse planétaire (une étoile en fin de vie qui a éjecté sa matière).
La distance entre le système solaire et M109 est estimée à 55 millions d'années-lumière, avec un diamètre réel
pour la galaxie de 130 000 années-lumière environ.
Une supernova, appelée SN1056A, est apparue dans M109 le 17 mars 1956.
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M97 (parfois appelée nébuleuse du Hibou) est une nébuleuse planétaire située dans
la constellation de la Grande Ourse, découverte, elle aussi en 1781.
La distance entre cette nébuleuse et le système solaire est relativement incertaine, les estimations variant
entre 1300 et 8000 années-lumière.
La masse totale de la nébuleuse est d'environ 0,15 masse solaire, tandis
que l'étoile centrale (de magnitude apparente +16) aurait une masse de 0,7 masse solaire.
Son âge est estimé à 6000 ans.
L'apparence visuelle de M97 est très complexe, et donc difficile à analyser. On pense généralement
que la nébuleuse dans son ensemble aurait une forme de « tore cylindrique » (un peu comme un globe auquel
on aurait retiré les pôles), et qui serait vue depuis la Terre de façon oblique : de cette façon, les deux
« trous » des extrémités, qui sont en fait des régions beaucoup plus pauvres en matière, formeraient les « yeux »
du hibou, par transparence.
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M82 ou galaxie du Cigare
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