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juillet 2007


les trois belles de nuit dessinent le le triangle de l'été...


Qui n'a jamais goûté la paix du soir, à l'heure où le dernier rayon de soleil s'est déjà éteint, quand l'air devient plus frais et plus humide, donnant le signal de l'envol des lucanes... Dans le ciel, encore rouge à l'ouest, une toute première luciole s'allume, bien avant ses autres sœurs... On la discerne presqu'au zénith. Elle restera un long moment solitaire, puis, soudain, c'est une puis deux autres étoiles, à mi-hauteur, à l'est et au sud, qui émergeront de leur sommeil. Ces trois resteront encore un moment seules, dans le bleu s'estompant, avant d'être rejointes par 10, 100, 1000 soleils de la nuit paisible de l'été, bercés par le chant de 10, 100, 1000 insectes bruissants...

Et bien, ces trois premières étoiles à s'allumer, communément appelées les trois Belles de nuit,
forment un astérisme : le triangle de l'été.
(voir "Astérisme")


La première à s'allumer sera Vega de la constellation de la Lyre (au zénith).
Viendront ensuite Deneb de la constellation du Cygne (un peu plus à l'est), suivie d'assez près par Altaïr de la constellation de l'Aigle (à mi-hauteur, côté sud) ...

Ce sont ces trois constellations que nous allons maintenant étudier...

Un mot encore à propos des trois Belles de nuit :
La plus lumineuse des 3 étoiles du triangle de l'été, Véga, est une étoile bleue située à 25 années-lumière de la Terre. Altaïr est à peu près située à la même distance, environ 17 années-lumière. Quant à Deneb, son éclat pourrait laisser croire qu'elle se situe, à peu de choses près, également à la même distance. Il n'en est rien : Deneb se balade, elle, à 3 000 années-lumière de nous !
Eh oui, le ciel au-dessus de votre tête est à 3 dimensions. Et l'éclat apparent d'une étoile ne reflète donc pas toujours sa distance ni sa luminosité réelles ...

      


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Attention à ne pas confondre cependant, une étoile et une planète !
Il existe, en particulier, deux planètes du système solaire qui sont parfois très lumineuses.
Ces planètes n'émettent pas de lumière mais renvoient celle du soleil.
Jupiter peut avoir une magnitude de -2,5 soit être 3 fois plus lumineux que Sirius, l'étoile la plus brillante du ciel boréal. Jupiter (et ses 16 lunes dont 4 sont souvent visibles aux jumelles) se situe, comme toutes les planètes, sur l'écliptique, une ligne imaginaire d'est en ouest, oblique vers l'horizon sud. L'éclitique est le plan de révolution des planètes du système solaire autour de l'étoile Soleil.
Quant à Vénus, sa magnitude peut atteindre -4,4 soit être 20 fois plus éblouissant que Sirius !
Vous trouverez Vénus, quand elle est visible, dans l'axe du coucher du soleil le soir, et précédant son lever, toujours dans son axe, le matin.

Bien sûr, ces planètes-là, quand elles brillent autant, se lèvent avant Véga, Deneb ou Altaïr...
Mais elles ne se siteent pas au même endroit du ciel... Pas de confusion possible donc...

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       la constellation de la Lyre       


La constellation de la Lyre est assez facile à repérer. D'abord grâce à son étoile α (Véga), mais aussi grâce à sa forme ramassée et très particulière : un petit parallélogramme presque parfait !
Véga, distante de 25 années-lumière, a un diamètre de 4 millions de km. Cette étoile est la cinquième étoile la plus brillante dans le ciel. Elle est de magnitude 0 (voir "magnitude").
Il y a 12 000 ans, c'était notre étoile polaire !
Notre système solaire s'en approche à la vitesse de 19 km/sec...

      

Deux objets vont nous intéresser :
l'étoile ε, appelée "double-double"
et la nébuleuse planétaire M57

Commençons tout d'abord par tourner nos yeux vers l'étoile Epsilon de la Lyre.
À l'œil nu, rien de bien folichon dans cette petite étoile de magnitude 5. Maintenant, pointez vos jumelles sur cette étoile banale : vous la dédoublerez alors en une étoile double, appelée Epsilon 1 et Epsilon 2 !
Mais dans un télescope ayant un grossissement d'au moins 120 fois, vous découvrirez que chacune des 2 composantes de cette étoile double est, elle aussi, double ! C'est la raison pour laquelle l'astronome William Herschel décida d'appeler, en 1779, ce quadruple système solaire "la double double étoile de la Lyre".

Deuxième curiosité de la Lyre : une belle nébuleuse planétaire en forme d'anneau, située entre 1400 et 2000 années-lumière de la Terre selon les estimations, et appelée par les astronomes "Messier 57" (M57).
Cette nébuleuse est facile à repérer, même avec un petit télescope, juste entre les étoiles Bêta et Gamma de la Lyre. Il s'agit d'une grosse bulle d'hydrogène et d'hélium éjectés à la vitesse de 20 km/s, voici 20 000 ans, par une étoile dont il ne reste qu'une naine blanche, reste de l'étoile d'origine.
M57 préfigure ce que sera la fin de notre Soleil : après avoir gonflé démesurément au point de devenir une étoile géante rouge, il expulsera dans l'espace son enveloppe gazeuse. Au centre de cette nébuleuse planétaire, il ne restera plus que le cadavre de notre Soleil, une étoile naine blanche qui se refroidira au fil des millénaires...

      

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La lyre est le premier instrument à cordes connu dans l'Antiquité. La mythologie explique que ce fut le dieu Mercure qui fabriqua cet instrument avant de le donner à un autre dieu, Apollon, lequel en fit cadeau à l'un de ses fils, Orphée.
Celui-ci devint si habile que tous les oiseaux se taisaient et que toutes les bêtes féroces venaient se coucher à ses pieds pour l'écouter jouer de la lyre. Lorsque sa femme, Eurydice, mourut, mordue par un serpent, Orphée descendit aux enfers pour essayer de la délivrer. Grâce à sa lyre, il réussit à charmer Cerbère, le chien à 3 têtes qui gardait la porte de l'enfer, ainsi que son maître, le terrible dieu Pluton. Ce dernier accepta de lui rendre Eurydice, à condition qu'à aucun moment il ne tourne ses yeux vers elle tant qu'ils ne seraient pas tous deux remontés et sortis des enfers.
Malheureusement, à un moment, Eurydice trébucha sur une pierre et Orphée se retourna pour la secourir : leurs regards se croisèrent alors et un gigantesque rocher s'abattit entre eux, les séparant à jamais.
Inconsolable, Orphée erra alors toute sa vie dans les bois pour jouer des chansons tristes sur sa lyre. Toutes les jeunes filles étaient amoureuses de ce beau joueur de lyre, qui devint ainsi la première pop-star de l'Antiquité, jusqu'au jour où il tomba sur une bande de fans particulièrement excitées : vexées de voir qu'il restait insensible à leurs efforts de séduction, elles le tuèrent et jetèrent sa lyre dans la rivière.
Pris de pitié, Jupiter, le dieu des dieux, envoya un vautour plonger dans la rivière pour récupérer la lyre, dont il fit une constellation dans le ciel.
Quant au vautour, il eut aussi sa place dans le ciel, Véga signifiant "l'oiseau qui tombe"...

la constellation de la Lyre est aussi Appelée "la Carapace de la Tortue" par les Arabes ou encore "l'Aigle aux Ailes Fermées" par les Anciens de l'Inde...



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       la constellation du Cygne       


La constellation du Cygne évoque une grande croix, telle un grand oiseau déployant ses ailes. Elle chevauche la Voie Lactée (voir "Voie Lactée").

On l'appelle quelquefois la Croix du Nord (l'hémisphère sud ayant, elle, sa Croix du Sud, très connue...)

Elle sera baptisée la Poule par les Arabes, et conservera ce nom jusqu'à ce que la Renaissance impose la version antique du Cygne.

      

      

Cette constellation est assez facile à repérer car les étoiles formant un grand triangle isocèle (à l'arrière de l'oiseau) sont très brillantes et se trouvent dans l'axe de la Voie Lactée (voir schéma ci-dessous).
De plus, Deneb (qui signifie "la queue" en arabe) est la seconde étoile à apparaître dans le ciel d'été, après Véga...



      

Arrêtons-nous un instant sur l'étoile β Albiréo (en arabe : "l'oiseau"), qui représente le bec de l'oiseau.
C'est sans doute la plus belle de toutes les étoiles doubles que vous pourrez voir avec votre instrument. Le contraste de couleurs entre ses deux étoiles est un enchantement : jaune doré pour l'une des étoiles et bleuté pour la seconde.
Albiréo est située à 410 années-lumière de la Terre...


Dans la mythologie, cette constellation symbolise la forme incarnée par Zeus pour conquérir Léda, union dont seront issus les Gémeaux.


Avant de clore ce chapitre, jetons un coup d'oeil sur 4 objets intéressants :
  • deux amas ouverts (M29 et M39) (voir "amas ouvert")
  • et deux nébuleuses diffuses (NGC 7000 et NGC 6960) (voir "nébuleuse").

  • Le premier amas, M29 est facile à repérer, à proximité de Sadr, l'étoile du milieu de la croix que dessine le Cygne. Cet amas d'étoiles forme une sphère d'environ 15 années-lumière de diamètre, située à 7200 années-lumière de la Terre. Il est très jeune, âgé d'environ 10 millions d'années, et sa forme générale rappelle en miniature un autre amas célèbre dont nous avons déjà parlé : les Pléiades (voir "les Pleiades").


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    M39 est un peu plus difficile à localiser, à l'Est de Deneb. Il est si étendu que toutes ses étoiles débordent du champ d'un télescope : les jumelles sont donc préférables pour admirer cet amas d'une trentaine d'étoiles, situé à 800 années-lumière de nous.



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    La nébuleuse dite "North America", NGC 7000, est un nuage géant, illuminé par Deneb. On peut arriver à la discerner à l'œil nu par une nuit très noire... Les photographies montrent qu'elle ressemble de façon surprenante à la forme de l'Amérique du Nord.


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    La nébuleuse de la Dentelle, NGC 6960 (encore appelée "nébuleuse des voiles") est un beau reste d'une supernova qui a peut-être explosé il y a 60 000 ans...



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           la constellation de l'Aigle       


    La constellation de l'Aigle (Aquila) est une constellation boréale petite mais importante. Depuis la constellation du Cygne, suivez la ligne tracée par la Voie Lactée, vers le sud. Vous apercevrez 3 étoiles en ligne, assez rapprochées, dont l'étoile centrale est très brillante : c'est Altaïr, la troisième Belle de nuit...
    Les peuples anciens reconnaissaient déjà la forme d’un aigle déployant ses ailes dans cette constellation...
    Elle a été répertoriée par Ptolémée aux environs de 140 après JC.
    Altaïr est le raccourci de son nom original Al Nasr Al Tair – "l’aigle volant" - en arabe.

          

    Elle est censée représenter l'aigle de la mythologie classique envoyé par Jupiter pour emporter Ganymède sur l'Olympe.
    Pour les Grecs, l'Aigle est le messager du ciel, menant les âmes à l'immortalitée. Zeus se métamorphosa en aigle pour enlever de la Terre le jeune berger Ganymède (Antinoüs), et le conduire sur l’Olympe pour faire de lui l’échanson des dieux, celui qui leur versera le nectar jusqu’à la nuit des temps. Il fut tué par Hercule avec la Flèche.




    La principale curiosité de l'Aigle est une nébuleuse obscure, constituée d'un grand nuage de poussières situé entre l'observateur terrestre et les étoiles de la Voie Lactée auxquelles il fait écran. Cette nébuleuse est recensée dans le catalogue Barnard sous les numéros B 142-143. On peut l'apercevoir avec des jumelles si le ciel est bien sombre et sans pollution lumineuse, juste à droite de la ligne qui unit Altaïr à Tarazed.

          


    À noter, le très bel ams ouvert NGC 6709 (voir "amas ouvert")
    qui se compose d'un groupe serré d'étoiles bien piquées
    se superposant sur une région de la Voie Lactée déjà riche en étoiles.


    Si vous portez vos yeux au-dessus de la constellation de l'Aigle, à l'intérieur du triangle d'été, vous verrez, juste entre l'étoile Altaïr de l'Aigle et l'étoile Albiréo du Cygne, la petite constellation fort ancienne de la Flèche (Sagitta).
    Selon la légende, la Flèche rappelle la lutte d'Hercule contre le vautour. Elle symbolise aussi le dard de Cupidon...
    L'étoile principale
    α se nomme Sham et c'est une étoile supergéante.

          

    Juste au-dessus de la Flèche, vous devriez apercevoir à l'œil nu une petite tache floue. Pointez vos jumelles sur les étoiles Alpha de la Flèche et remontez vers Albiréo du Cygne. vous aurez alors la surprise de découvrir que cette tache floue est un amas d'étoiles particulièrement rigolo, en forme de porte-manteau, d'où son nom : l'amas du Cintre, catalogué sous le label "Collinder 399", ou parfois sous le nom de "amas de Brocchi".
    Ce groupe d'étoiles n'est pas un véritable amas d'étoiles liées entre elles par la gravitation : ces étoiles sont à des distances bien différentes les unes des autres mais les hasards de la perspective dessinent dans le ciel cette curieuse figure géométrique...



    Vous remarquerez, en observant attentivement cette région du ciel nocturne, que la constellation de la Flèche est encadrée par deux autres petites constellations : la constellation du Dauphin, assez facile à repérer, et la constellation du Petit Renard qui forme une sorte d'accent circonflexe et qui est visible mais très difficile à repérer car ses 3 étoiles sont de magnitude faible...

    Bonne observation !